Le ministère du Commerce place la barre très haut et pose la problématique de la prise en charge des opérateurs activant dans l'importation. Si la décision du gouvernement de mettre de l'ordre dans les opérations d'importation est salutaire pour l'équilibre budgétaire et les dépenses en devises, il n'en demeure pas moins que la démarche visant à généraliser les licences d'importation pour tous les produits importés et destinés à la revente en l'état pose un sérieux problème de gouvernance. En effet, lundi dernier, la Direction générale du commerce extérieur (DGCE), relevant du ministère du Commerce, a informé "l'ensemble des opérateurs, activant dans le domaine de l'importation des produits destinés à la revente en l'état, que tous les produits destinés à la consommation finale sont, désormais, soumis au régime des licences d'importation". Indiquant que "tout opérateur économique, remplissant les conditions exigées par la législation et la réglementation en vigueur, peut introduire une demande de licence d'importation du produit ciblé, en déposant auprès de la direction du commerce de wilaya territorialement compétente sa demande dans un délai de 20 jours à compter de la date de la première parution (lundi 20 mars 2017, ndlr) de cet avis", le ministère du Commerce place la barre très haut et pose la problématique de la prise en charge des opérateurs, de tous les opérateurs activant dans l'importation, dans un délai aussi raccourci de trois semaines seulement pour formaliser une licence d'importation. Car, au vu du dossier exigé, (registre du commerce, justificatif d'expérience dans l'importation, facture pro-forma du produit ciblé, la quantité, la valeur et l'origine du produit, etc.), on se demande si les 48 directions du commerce sont dotées des outils, de la logistique et des moyens humains nécessaires pour permettre à l'opération de se dérouler dans les normes requises et dans les délais prévus. Bien mieux, quand bien même le dossier exigé est déposé et la demande traitée, le commun des mortels s'interroge également si l'administration jouit de cette capacité à canaliser le flux de dossiers pour chaque importateur, pour chaque produit et pour chaque opération de contrôle des justificatifs pour valider chaque licence en 20 jours. Il est clair, le gouvernement a décidé de réduire drastiquement les importations des produits de luxe pour juguler les dépenses en devises. Il est admis, également, que des milliers de produits doivent répondre aux normes et aux standards internationaux en matière de qualité, sachant que cela va de la santé publique, et suggère une licence d'importation pour homologuer ces marchandises. Mais à voire le délai imparti aux importateurs pour se faire délivrer ce sésame, le gouvernement voudrait encore gagner du temps pour rationaliser les dépenses en devises, d'autant que cette annonce a coïncidé avec la mission du Fonds monétaire internationale (FMI) qui recommande à l'Algérie un redressement graduel et des mesures d'urgence pour réduire les risques sur les réserves de change qui s'amenuisent de plus en plus. Car, dans la réalité, le besoin en termes de consommation ne fait que s'exprimer davantage sur de nombreux produits, comme le médicament, le véhicule, la pièce de rechange, le consommable lié à plusieurs activités de bureautique, etc. Du coup, la rationalisation des dépenses en devises devait se faire sur des produits ciblés et selon les besoins du marché, pour éviter de créer une pénurie, souvent synonyme de spéculation, de contrebande et de flambée des prix. On aura tout vu avec l'expérience de la banane et de l'ail, respectivement cédés au prix de détail à 900 et 1 800 DA. FARID BELGACEM