L'annulation de l'accord conclu, il y a un an, entre l'Union européenne (UE) et la Turquie sur l'accueil des migrants pourrait provoquer "un désastre", a affirmé jeudi le commissaire européen à la migration et aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos. "Pour être clair : si cet accord s'effondre, ce sera un désastre", a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien belge Le Soir, assurant, toutefois, que cet accord visant à réduire la migration vers l'Europe "fonctionne bien" pour le moment. "Même au plus haut des tensions, pas une seule personne n'a traversé la mer", a-t-il souligné, regrettant les déclarations de certains hauts responsables turcs qui ont menacé, à plusieurs reprises, de suspendre le deal entre la Turquie et l'UE. "Pour l'instant il ne s'agit que de déclarations", a-t-il fait remarquer, estimant, à ce titre, que "la Turquie veut vraiment rester impliquée dans ses engagements". Ces deux dernières semaines, la tension entre la Turquie et l'UE a monté d'un cran en raison de l'interdiction de meetings électoraux turcs aux Pays-Bas et en Allemagne. En représailles, la Turquie a menacé d'annuler unilatéralement le pacte migratoire conclu en mars 2016, laissant planer le risque d'une reprise du flux migratoire vers l'Europe. Le 18 mars 2016, la Turquie signe avec les 28 pays de l'UE un accord pour faire cesser l'arrivée quotidienne de milliers de migrants par bateau sur des îles grecques de la mer Egée. Depuis l'entrée en vigueur de cet accord, tous les migrants arrivant en Grèce sont renvoyés en Turquie. Le texte de l'accord prévoit un mécanisme "un pour un" : pour un Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien resté dans les camps de réfugiés en Turquie est envoyé en Europe grâce à un corridor humanitaire. L'échange a été plafonné à 72 000 personnes, la Hongrie et d'autres pays européens se refusant à en accueillir plus. Le commissaire Avramopoulos a prévenu, dans ce contexte, que l'exécutif européen recourra dès septembre à la procédure d'infraction contre les Etats membres de l'UE qui ne participent pas à l'effort commun de relocalisation des réfugiés. "Avant, la procédure d'infraction n'était pas pour moi une option, mais j'ai changé de position : à partir de septembre, à l'échéance des engagements des pays membres, ça le sera", a-t-il averti. Un an après cet accord controversé entre l'Union et la Turquie, près de 62 400 migrants seraient toujours bloqués en Grèce, montrent des chiffres publiés par les autorités grecques. La situation dans les cinq centres d'identification et d'enregistrements des migrants dits "hot spots" installés sur les îles de Léros, Cos, Chios, Samos, Lesbos est "critique", selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). "Ces cinq îles peuvent accueillir jusqu'à 8 759 personnes, alors que 14 000 demandeurs d'asile s'y trouveraient actuellement", a précisé le HCR. R. I./Agences