Dans l'industrie automobile, l'option SKD dans le montage de véhicules particuliers en Algérie génère un surcoût de 5 à 6% par rapport à l'achat d'un véhicule importé. Les organisateurs du "Forum de l'industrie algérienne" qui s'est ouvert hier à l'hôtel Sheraton ne semblent pas avoir été à la hauteur de l'événement auquel ils avaient fixé comme objectif la création d'un dialogue entre les différentes composantes de l'économie mondiale et un plan de travail afin d'accompagner la politique économique vers ses objectifs de croissance et de développement. Organisé par Seven Tsar, dédié à l'industrie algérienne et placé sous le thème des perspectives et du potentiel industriel en Algérie, ce Forum devait être un espace où devaient être débattues de nombreuses questions telles que le défi d'une Algérie exportatrice, l'attractivité du marché national envers les capitaux étrangers, mais surtout le rôle des entreprises privées dans la planification de l'économie nationale. Mais au final, les choses ont mal commencé avec, d'abord, la délocalisation, la veille, du Forum du Centre international des conférences (CIC) vers l'hôtel Sheraton. Outre cette délocalisation, les présents, hier à l'hôtel Sheraton, sont restés dubitatifs quant au déroulement de la séance inaugurale du Forum. En effet, après un retard de plus d'une heure durant lequel les organisateurs étaient aux abonnés absents, les présents ont constaté la défection de la totalité des intervenants inscrits au premier panel suscitant des interrogations, d'autant que les absents sont des opérateurs de grande envergure, à l'instar des groupes Cevital, Condor et NCA Rouiba. Pour compenser ces couacs dans l'organisation, les organisateurs ont décidé d'avancer en matinée les conférences-débats programmées en après-midi. La première conférence-débat a permis à Mokhtar Chahboub, ancien P-DG de la SNVI, de revenir sur la filière automobile et ses perspectives de développement à l'horizon 2020 et au-delà. Selon Mokhtar Chahboub, l'industrie automobile a existé en Algérie dès 1957. "L'option SKD limite l'implication de 200 sous-traitants algériens" Il citera, d'abord, l'usine d'El-Harrach (disparue aujourd'hui avec une perte d'expertise) qui produisait avec des taux d'intégration appréciables et ensuite l'usine de Rouiba qui produisait des camions et des bus avec des taux d'intégration qui avoisinaient les 75%. Au jour d'aujourd'hui, Mokhtar Chahboub indique que "les perspectives du marché de véhicules, pour les années 2020 et au-delà, se situeraient, d'après les chiffres annoncés, à près de 400 000 véhicules assemblés". Cependant, ajoute-t-il, "le procédé retenu ou imposé aux investisseurs par les partenaires reste dans son ensemble orienté vers le SKD ou le CKD. Cette approche forcée limite l'implication des 200 sous-traitants recensés dans la filière mécanique". Selon lui, le SKD et le CKD, bien qu'ils restent des passages obligés, ne devraient pas excéder les trois années. "Sur le plan économique, l'option SKD génère un surcoût de l'ordre de 5 à 6% par rapport à l'achat d'un véhicule importé", précise-t-il, en concluant qu'il "est donc impératif, à notre sens, pour l'Etat de s'assurer du respect des exigences du cahier des charges en matière du taux d'intégration". Par ailleurs, l'ancien P-DG de la SNVI souligne qu'en terme de perspectives à l'horizon 2020, "on ne saurait développer la filière sans faire obligation aux industriels et aux constructeurs de participer activement à l'essor de la filière en impliquant dans leur sillage leurs équipementiers en faisant valoir des avantages comparatifs offerts en Algérie". Sur un tout autre sujet, le professeur Chems Eddine Chitour a abordé la problématique de l'économie de la connaissance. Plaidant pour une réhabilitation du savoir, Chems Eddine Chitour indique que "le moment est venu d'avoir un système éducatif en phase avec la réalité du monde. Il faut repartir du bon pied. Il n'y a pas de miracle. Cela commence à l'école". Affirmatif, il souligne "qu'on ne peut pas faire de l'industrie s'il n'y a pas les bases. Une bonne école. Une école qui est un ascenseur social. Pas une école de l'échec". Certes, les panelistes qui ont animé la séance inaugurale, à l'instar de l'économiste Alexandre Kateb et du professeur Mebtoul, ont fait des constats et ont défini des pistes. Mais il reste que l'auditoire est resté sur sa faim. Il n'est pas question de minimiser la contribution des experts aux débats, mais le Forum aurait plus gagné si le débat avait été engagé avec les opérateurs, acteurs majeurs de cette industrie. Au vu de la façon avec laquelle s'est déroulée cette première journée du Forum, il est aisé de dire que les organisateurs ont raté leur coup. D'ailleurs, l'annulation de l'exposition dédiée aux produits de l'industrie algérienne symbolise amplement ce ratage.