Résumé : Mustapha accompagne Kahina au premier étage où se trouvait Tahar. Ce dernier semble heureux de la revoir. Elle est devenue une jolie jeune femme, et il remarque tout de suite que Mustapha tentait de la séduire. Un peu brusquée par ses propos, j'allais riposter, lorsque Mustapha me devance : -Maître, je suis confus. Je pense que nous devrions discuter de ces sujets entre hommes. Je dois redescendre. -C'est ce que tu as de mieux à faire, mon fils. Mustapha s'esquive et Tahar se met à rire. -Ces jeunes de la nouvelle génération ne savent même pas distinguer entre amour et tambour. Tout ce qui tombe sous leurs yeux les aveugle. -Je pense que tu as été trop dur avec lui. -Moi ? Mais tu te trompes, ma belle. Je n'ai fait que remettre les pendules à l'heure. Cet enfant te dévorait des yeux, et j'ai tout de suite remarqué son air alangui. Seulement, comme tous les lâches de son espèce, il n'osera jamais faire le premier pas. Le rouge aux joues, je me hasarde à changer de sujet. -Tahar, comment cela va-t-il pour toi ? - Ça va, ça va. Je ne me plains pas trop. Et toi, que deviens-tu ? -Je fais des études. Je travaille pour un quotidien, et je suis là par hasard, aujourd'hui, pour une couverture. -Tu veux dire que tu vas faire un article sur l'exposition ? -Oui. Je ne suis pas trop douée en la matière, je le reconnais. Il me jette un regard désapprobateur. -Comment cela pas douée ? Toi, une poétesse ? -Oh ! Je ne suis rien du tout. Je me sens plutôt comme une intruse ou une inculte au milieu de tous ces artistes. Il fait une moue, puis me prend le bras. -Viens un peu par là. Tu vas me faire croire que tu es juste un pion sur un échiquier ? -Même pas. Il fronce les sourcils. -L'abstrait. Toujours l'abstrait. Les gens vernissent leurs propos pour camoufler leur embarras. Cela ne marche pas ainsi avec moi. Tu le conçois ma petite, n'est-ce pas ? -Mais je t'assure que... -Que quoi ? Que tu es aussi nulle que tu le dis ? Il soupire. -C'est dommage, j'avais une meilleure opinion de toi. -Tahar, je suis tellement heureuse de te retrouver. Aujourd'hui est un jour béni pour moi. - Un jour béni où tu te sens aussi nulle qu'une épave. Je hausse les épaules. -Je ne suis pas à ma place ici. -Ah ! Mademoiselle n'est pas à sa place ! Et où se trouve ta place ? Derrière un écran d'ordinateur ? -Peut-être. -On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, ma petite. (À suivre) Y. H.