Si Moussa, qui croit dur comme fer que le politique prime sur le militaire, défie Ben bella et Boumediène et sera incarcéré à la prison de Lambèse puis à El-Harrach avec le défunt Hocine Aït Ahmed. Le forum du quotidien arabophone El-Djoumhouria a été organisé à l'occasion du 13e anniversaire de la disparition du commandant Si Moussa. Cette rencontre a permis de faire la lumière sur le parcours d'un héros méconnu, atypique et controversé. En effet, le commandant Si Moussa, de son vrai nom Mohamed Benhamed, né en 1920 au quartier populaire d'El-Hamri (Oran), suivra avec brio son cursus secondaire qui lui offrira l'occasion de passer son examen pour devenir enseignant et affecté à la localité d'El-Gaâda, située à une trentaine de kilomètres d'Oran. Un jour, il a été témoin d'une correction infligée à un élève algérien par un professeur français, en joignant l'acte aux insultes "sale arabe !". Le jeune enseignant jeta sa blouse et quitta l'enseignement pour se consacrer au commerce. Il mena une carrière réussie et participe à la construction de la mosquée Medersa El-Falah et fréquenta régulièrement le café El-Widad où tous les activistes nationaux de différentes régions du pays se rencontraient. Le témoignage lu du professeur Addi Lahouari sur le moudjahid Si Moussa est hallucinant. Ce dernier aura le privilège de rencontrer un grand nombre de leaders de la cause nationale et de la guerre de Libération nationale. De Ben bella et Boumediène à Aït Ahmed et Benkhedda en passant par l'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, le commandant était sollicité de partout, étant un redoutable stratège. Rebelle et libre de pensées, Si Moussa s'affirma d'abord dans la bataille de Djebel Ammour à El-Bayadh où le bilan lourd de l'armée française (37 morts et plusieurs dizaines de blessés) a obligé le déplacement d'un général sur les lieux. Il est ensuite envoyé au Maroc et en Tunisie pour organiser les rangs de l'ALN qui se trouvaient aux frontières. Mais libre de ses jugements, Si Moussa, qui croit dur comme fer que le politique prime sur le militaire, défie Ben bella et Boumediène, et sera incarcéré à la prison de Lambèse, puis à El-Harrach avec le défunt Hocine Aït Ahmed. Après l'évasion de ce dernier, le commandant Si Moussa est libéré. En 1967, il est sollicité par les compagnons de Tahar Zbiri pour participer à leur coup de force. Si Moussa refuse et déclare : "Le monde politique a changé et votre opération est vouée à l'échec". Lors du forum, les compagnons du défunt Si Moussa et le sociologue Médiène Benamar qui s'est entretenu à maintes reprises avec le commandant de l'ALN, ont rappelé les différentes étapes du parcours du commandant. Du PPA/MTLD au FLN dès les premières heures de la Révolution, Si Moussa a toujours brillé par ses analyses. Cependant, il a refusé tous les privilèges dus à son engagement politique et révolutionnaire. "Il a vécu dans un F3 relevant des biens vacants où le plafond se détachait. Il a refusé la fiche communale jusqu'à 1993 sous la pression de ses compagnons. Il a interdit à ses enfants de tenter de profiter de son engagement pour la dignité. Il disait toujours que ce n'était pas la faim qui m'a poussé à me révolter, car j'étais riche, mais la dignité bafouée", dira encore Addi Lahouari dans son intervention manuscrite. NOUREDDINE BENABBOU