Après une escalade verbale entre les deux pays, suite aux frappes américaines en Syrie, les chefs de la diplomatie russe et des Etats-Unis se sont rencontrés hier à Moscou dans l'espoir de clarifier la situation. Brouillées par le bombardement américain de la base syrienne, les relations entre les Etats-Unis et la Russie étaient au centre des pourparlers entre Sergei Lavrov et Rex Tillerson. La Syrie était le principal sujet de discussions, même si les deux hommes avaient d'autres questions à l'ordre du jour, telles que les dossiers irakien, iranien, afghan et nord-coréen. Les Russes ont clairement affiché leur refus de la démarche US, par la voix de la porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qui a déclaré sur une chaîne de télévision russe : "Je pense que tous ont déjà compris depuis longtemps qu'il était inutile de venir chez nous avec des ultimatums, c'est tout simplement contreproductif." Ce fut au tour de Sergei Lavrov d'enfoncer le clou en affirmant au début de sa rencontre avec Rex Tillerson vouloir comprendre "les intentions réelles" des Etats-Unis en matière de politique internationale, afin d'éviter une "récidive" de la frappe américaine en Syrie et de travailler à la création d'un "front commun contre le terrorisme", avec son homologue américain. "Notre ligne de conduite se base sur le droit international et non pas sur un choix du type ‘avec nous ou contre nous'", a souligné le ministre russe. "Nous sommes toujours en faveur des activités collectives et, selon nous, se limiter à des alliances fermées ainsi qu'à des mésalliances est peu productif", a insisté Sergei Lavrov. De son côté, le secrétaire d'Etat américain a indiqué souhaiter un échange "ouvert, franc et sincère", destiné à "davantage clarifier les objectifs et intérêts communs" et les "nettes différences" dans l'approche des deux pays sur les principaux dossiers. Ainsi, cette toute première visite en Russie d'un haut responsable de l'administration Trump, pour normaliser les relations entre les deux puissances, se transforme en une réunion pour calmer la tension née de la frappe américaine contre la base syrienne après l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun. Il a toutefois dit espérer que son déplacement puisse contribuer à un rapprochement, même s'il est porteur d'un message à l'attention du pouvoir russe, qui ressemble beaucoup plus à une mise en garde directe. "La Russie a choisi de s'allier au régime d'al-Assad, aux Iraniens et au Hezbollah. Ne ferait-elle pas mieux de s'allier aux Etats-Unis, aux autres pays occidentaux et aux pays du Moyen-Orient qui ensemble cherchent à résoudre la crise syrienne ?", avait lancé Rex Tillerson. Poutine : "La confiance à l'égard des USA sous Trump s'est plutôt dégradée" Vladimir Poutine a affirmé dans une interview à la chaîne russe de radio-télévision Mir ne pas observer de dynamique positive, en réponse à une question sur les changements dans les relations entre la Russie et les Etats-Unis depuis l'entrée en fonctions de Donald Trump. L'arrivée de ce dernier au pouvoir n'a pas contribué à améliorer les relations russo-américaines. "On peut dire que la confiance au niveau du travail, en particulier au niveau militaire, ne s'est pas améliorée, elle s'est plutôt dégradée", a-t-il déclaré. Première visite de Federica Mogherini à Moscou la semaine prochaine La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, va se rendre la semaine prochaine en Russie, où elle ne s'est jamais rendue jusqu'à présent en raison des tensions avec Moscou sur la crise ukrainienne. À Moscou, la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères rencontrera le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov pour évoquer "les questions de politique étrangère les plus urgentes, en particulier le conflit en Syrie", indiquent ses services dans un communiqué. "Ils discuteront également de la situation en Libye, du processus de paix au Moyen-Orient, de l'Iran, de l'Afghanistan et du conflit dans l'est de l'Ukraine", a ajouté la même source.