Dans cette seconde partie, le Pr Chelghoum préconise une série de mesures à même d'éviter une nouvelle catastrophe en Algérie, engendrée par un séisme de forte magnitude. Pour réduire la vulnérabilité des constructions dans les zones à forte activité sismique, il est indispensable d'assurer une protection appropriée par le biais de modèles parasismiques dont le concept doit être, à la fois, techniquement cohérent et économiquement justifié. Le zonage sismique régional, quand il est correctement élaboré, permet d'estimer le risque sismique à sa juste valeur pour une stratégie rationnelle d'aménagement du territoire, à l'échelle régionale ou urbaine, d'une part, et de définir les efforts et déplacements requis dans les procédures de dimensionnement parasismique, d'autre part. Dans la préparation à ce désastre naturel éventuel, et face à l'accélération du mouvement d'industrialisation et d'urbanisation ainsi que la rareté des “bons sols”, il est nécessaire d'exiger une protection accrue et une sécurité optimale des nouvelles installations à projeter et du vieux bâti, généralement non conforme au principe de calcul parasismique. Pour ce faire, seule une formulation cohérente des critères de calcul parasismique pourrait apporter la solution à la problématique posée. Ceci ne sera possible qu'en faisant appel à toutes les compétences nationales (privées et publiques) et au jugement de l'ingénieur, bénéficiant d'une longue expérience dans les domaines des études du contrôle technique et de la conduite effective des travaux de réalisation. Devant l'imminence d'un danger sismique éventuel, il est nécessaire d'engager les mesures préventives suivantes : - concevoir les projets futurs selon de nouvelles règles et dispositions (à élaborer), plus à même d'assurer une protection minimale contre toute force induite par une secousse tellurique, avec la garantie de justifier la prescription de non-effondrement, quelle que soit l'intensité de l'événement et les conditions mécaniques des sols d'assise ; - sécuriser le vieux bâti d'importance vitale, tels que les hôpitaux, les écoles, les barrages, les bibliothèques, les musées et centres de commandement de la protection civile. Il ne faut pas oublier les “lifelines” (pipelines, gazoducs, voies de communications, réseaux urbains de gaz, électricité, eau et téléphone), les installations stratégiques de gaz et de pétrole. L'affectation de ces installations provoquerait une contamination des eaux souterraines et un arrêt dans l'approvisionnement des différentes régions en pétrole et en gaz. Cette étape consiste d'abord à apprécier correctement les conditions géodynamiques des sols concernés, ensuite à ausculter les ouvrages suscités, en déterminant les zones potentiellement fragiles et sismiquement vulnérables, et, enfin, à procéder à la conception d'un modèle de renforcement qui doit être économiquement justifié et qui permet de restituer à l'ouvrage le niveau de l'état de service perdu, ou inexistant, lors de sa conception originelle. Il ne faut pas perdre de vue que cette baisse de niveau peut résulter de plusieurs causes, à savoir : - une dégradation progressive des propriétés mécaniques des matériaux (milieu agressif, corrosion, carbonatation) ; - utilisation intensive, voire abusive, (effet des charges répétitives, utilisation au-delà des charges prescrites) ; - charges accidentelles, tels les séismes, incendies, chocs… C'est dans cette optique que nous considérons qu'il est urgent de mettre en place un groupe de travail (Task Group), dont la mission principale serait d'élaborer de nouveaux référentiels parasismiques pour toutes les classes d'ouvrages de génie civil. Ce groupe doit être composé de scientifiques et de professionnels ayant une expérience établie dans les domaines du calcul dynamique des structures (numérique et analytique), de la dynamique des sols, des phénomènes vibratoires interactifs, la modélisation et simulation numériques, les matériaux, les concepts architecturaux parasismiques, les études, le contrôle et la conduite effective de projets sur le terrain, car le défi actuel consiste à assurer, dans les plus brefs délais, non seulement une protection du bâti existant (habitations + ouvrages d'art), mais aussi de proposer une nouvelle mouture de la réglementation, à la fois, fiable et réaliste, scientifiquement validée quels que soient les modèles à projeter et les conditions mécaniques et dynamiques des sols en place. L'installation d'un tel groupe doit obligatoirement relever de la plus haute instance du pays, compte tenu de son caractère éminemment stratégique, et non du ressort de certains départements ministériels, comme il a été procédé dernièrement en catimini avec une précipitation excessive. Pr A. C. Professeur en génie parasmique