C'est dans la sobriété que militants et amis se sont souvenus de l'âme de celle qui incarnait l'engagement d'une fille de colons européens pour l'indépendance de l'Algérie. Trois années sont passées depuis que la moudjahida Evelyne Lavalette Safir nous a quittés sans qu'aucune initiative pour rendre hommage à sa mémoire ne soit prise par une quelconque autorité locale ou nationale. C'est d'ailleurs dans la sobriété que militants et amis se sont souvenus de l'âme de celle qui incarnait l'engagement d'une fille de colons européens pour l'indépendance de l'Algérie. Militante de la cause nationale et moudjahida, Evelyne Lavalette, qui a rendu son dernier souffle dans son domicile situé sur les hauteurs de la ville de Médéa, le 25 avril 2014, était connue dans la région pour avoir vécu de longues années parmi ses populations, et à Ben Chicao où elle s'était fixée depuis les années 80 pour permettre à son époux, le célébrissime Abdelkader Safir, doyen des journalistes, dont la maison de la presse de Kouba porte le nom, de pouvoir respirer l'air pur des hauteurs du Titteri. Après la mort de son mari en 1993, elle a été contrainte de connaître l'exil pour fuir la menace terroriste, exil qui a duré quelques années mais qui n'a pas effacé en elle l'amour de la région. Elle y retournera dans la ville de Médéa où elle s'installera et continuera à recevoir ses amis dont de nombreux intellectuels et écrivains. La défunte s'est éteinte un vendredi, et sa dépouille, couverte de l'emblème national, a été transportée dans un véhicule de la Protection civile à Alger où elle a été enterrée précisément au cimetière d'El-Madania (ex : Clos-Salembier) où une oraison funèbre a été prononcée à sa mémoire par monsieur Rédha Malek. Une année seulement avant sa disparition, la moudjahida avait publié un ouvrage intitulé Juste une algérienne, comme une tissure, préfacé par l'écrivaine Ghania Mouffok, un livre consacré à ses années d'enfance et de militantisme. Dans sa présentation du livre, l'intellectuelle Saâdia Aït Youssef dira : "Voici que nous sont offerts, pour témoigner ultimement d'un destin peu ordinaire, de singuliers mémoires nés sous la plume pudique d'Evelyne Safir Lavalette, moudjahida de l'espèce la plus discrète". Leur singularité s'attache d'abord au contenu qui leur sert de trame : il s'agit, pour la plupart, d'écrits autobiographiques ‘d'époque' repris en l'état, non pas reconstitués après coup, jaillis dans l'urgence d'alors, faits d'enfermement, de peur, de douleur, de "la plus intense des détresses", avoue Evelyne Lavalette, mais aussi et paradoxalement, de rage et de joie de vivre mêlées, comme ferments de l'écriture. M. EL BEY