Le Premier ministre israélien lâche Gaza, même au prix d'un bras de force avec le lobby des colons qui lui promettent le sort d'Itzhak Rabin, assassiné en 1995 pour… avoir serré la main à feu Arafat. Le retrait de quelque 7 500 colons de Gaza, qui touchent, en contrepartie, un pactole de 400 000 dollars par famille, n'est qu'un leurre. Car, de l'autre côté, Sharon, affublé dorénavant du titre de “faiseur de paix”, est déterminé à ne rien changer en Cisjordanie, où il maintient les blocs de colonies juives. Ce qui, aux yeux du Premier ministre palestinien, Qoreï, empêchera la création d'un Etat palestinien viable. En réponse, et comme pour ne plus se bercer d'illusions, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, n'a cessé de réaffirmer le soutien us aux enclaves juives en Cisjordanie où, par ailleurs, d'autres constructions juives voient le jour, notamment à Ariel, dans le nord de la Cisjordanie, et à l'est et dans le sud d'El-Qods. Ariel, c'est pour garder la main sur la principale nappe aquifère des Palestiniens, et aux portes d'El-Qods, c'est pour casser la continuité avec les terres palestiniennes, empêchant ainsi les Palestiniens de réaliser leur rêve de faire de la cité biblique leur capitale. Sommé par la communauté internationale, Sharon sait qu'il ne peut plus effacer le rêve national des Palestiniens. Alors, fidèle à son passé, il poursuit ses colonisations en Cisjordanie pour la diviser en trois cantons dans lesquels les Palestiniens seraient appeler à vivre sous haute surveillance, des bantoustans que l'Afrique du Sud raciale avait expérimenté avant que ne tombe l'apartheid. Passer d'une ville palestinienne à une autre relève des travaux d'Hercule. Les check-points israéliens sont partout, le long du mur qui encercle la Cisjordanie, pénétrant à l'intérieur de terres palestiniennes. Le retrait de Gaza, selon l'ancien président du Congrès juif américain, Siegman, est le prix que doit payer Israël pour achever le morcellement de la Cisjordanie. D'ailleurs, Sharon anticipant les problèmes qui vont surgir à Gaza, où 37% des Palestiniens vivent dans ce mouchoir qui ne représente que 1,25% de la Palestine, s'adjuge, d'ores et déjà, le droit d'intervenir. Si le chaos persiste dans cette enclave, une prison coupée de la Cisjordanie et même de ses voisins égyptiens et jordaniens, Sharon pourra alors gloser sur l'impossibilité pour les Palestiniens de gérer leur Etat ! Le calcul est machiavélique, mais Sharon est maître dans ce domaine. Mahmoud Abbas, conscient de cette équation inégale, doit rencontrer Bush à la Maison-Blanche. D. B.