Israël évacue sa dernière colonie à Gaza que les Palestiniens comptent reconstruire. Sharon doit s'occuper maintenant de ses colons de Cisjordanie, de loin moins belliqueux que ceux de Gaza. Sharon est satisfait. Le retrait de Gaza est sur le point d'être achevé et celui de la Cisjordanie a commencé avec moins d'appréhension pour lui, les colons dans le nord de cette région étant moins belliqueux, même s'il s'attend à un bras de fer avec des ultras juifs retranchés dans deux des quatre implantations promises au démantèlement. Netzarim, une minuscule implantation jouxtant la ville de Gaza, devait être évacuée hier, sans incidents. Les familles de colons de Netzarim sont convenues de quitter de leur plein gré leurs maisons et de participer à une prière collective dans leur synagogue avant leur départ. Les anti-retrait, qui ont échoué, s'occupent de leurs nouvelles installations prenant à partie les juifs laïcs qu'ils accusent de traîtres et avec lesquels ils refusent de cohabiter. Sur les murs des maisons qu'ils ont quittées des graffitis menacent Sharon, tel “tu rejoindras bientôt Lili”, la défunte épouse d'Ariel Sharon, et “Yigal Amir, où es-tu ?”, en référence au meurtrier du Premier ministre Yitzhak Rabin, en novembre 1995. Après le départ des colons de Netzarim, Gaza doit être confiée à l'armée israélienne. Celle-ci devra déménager les biens laissés par les colons, superviser la destruction de leurs maisons et coordonner les efforts en vue du transfert de la région au contrôle de l'Autorité palestinienne. Les équipes de destruction sont à pied d'œuvre dans les implantations de Ganei Tal, Peat Sade, Morag, Rafah Yam et Slav où des rouleaux compresseurs et des pelleteuses aplanissaient les terrains, alors que la question des gravats n'est pas encore résolue. Les Palestiniens souhaitant les voir transposés en Israël tandis que Sharon veut les convaincre qu'ils pourront les utiliser pour reconstruire Gaza. Les Palestiniens ont des projets pour l'après-occupation israélienne : construire des logements, des écoles et des centres de santé, bâtir des hôtels sur la plage et reconstruire l'aéroport. Les Etats-Unis et l'UE ont promis de mettre la main à la poche. Bush a annoncé une première enveloppe d'une centaine de millions de dollars. Hier, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé que 3 000 maisons seraient construites là où se situait Morag, dans le sud de Gaza. Il a également annoncé qu'un complexe portuaire serait construit à la place de Netzarim. Les Palestiniens, impatients de pouvoir enfin fouler une terre dont ils ont été privés pendant les 38 ans d'occupation israélienne, se déchirent pour donner des noms aux localités abandonnées par Israël. Certains islamistes de Hamas envisagent de baptiser Netzarim ou Kfar Darom, Cheikh Yassine, du nom de son leader spirituel assassiné par l'armée israélienne en mars 2004. Neve Dekalim deviendra Arafat City, Morag s'appellera la Terre de la victoire et les autres ex-implantations prendront le nom de martyrs. Des Palestiniens pensent donner des noms de pays qui les aideront financièrement. Le roi Abdallah de Jordanie est invité à délier sa bourde pour une ville qui portera son nom. Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan des émirats arabes unis a reçu une invitation identique, lui qui a promis 100 millions de dollars pour reconstruire une ville de 30 000 Palestiniens. Les habitants de Ganim et Kadim, deux des quatre colonies enclavées dans le nord de la Cisjordanie et promises au démantèlement, ont déjà quitté de leur plein gré leurs logements. Plusieurs milliers de soldats et policiers israéliens se positionnaient hier autour des colonies de Sanour et Homesh afin de les évacuer par la contrainte. Les forces de sécurité palestiniennes ont de leur côté érigé sept barrages routiers dans le nord de la Cisjordanie pour prévenir toute attaque palestinienne contre les quatre colonies juives appelées à être démantelées dans ce secteur. D. Bouatta