Si rien n'a filtré de la rencontre Bouteflika-Mohammed VI tenue en marge du sommet de la Ligue arabe à Alger, il n'en demeure pas moins que la décision d'hier, bien qu'elle soit inscrite comme étant “une réponse à la mesure similaire annoncée par Rabat le 30 juillet 2004”, pourrait marquer le début d'un dégel entre les deux pays. On sait cependant que le contentieux est lourd. C'est le président de la République, lui-même, qui a décidé hier de lever la procédure du visa imposé aux ressortissants marocains depuis août 1994. L'information relayée par la très officielle APS souligne que la mesure “d'établissement du visa par Alger est venue en réaction aux dispositions prises par le royaume du Maroc à l'endroit des citoyens algériens, après l'attentat de Marrakech” et rappelle que “la responsabilité avait été attribuée à des ressortissants algériens, à tort, comme il l'a été postérieurement prouvé”. Onze années après les évènements qui ont marqué une nette détérioration des relations bilatérales au point d'arriver à la fermeture de la frontière terrestre, la situation semble évoluer dans le bon sens. Si rien n'a filtré de la rencontre Bouteflika-Mohammed VI tenue en marge du sommet de la Ligue arabe à Alger, il n'en demeure pas moins que la décision d'hier, bien qu'elle soit inscrite comme étant “une réponse à la mesure similaire annoncée par Rabat le 30 juillet 2004”, pourrait marquer le début d'un dégel entre les deux pays. On sait cependant que le contentieux est lourd. Si le dossier du Sahara occidental constitue depuis 1975 le nœud gordien du conflit, le soutien du royaume au terrorisme islamiste durant les années 1990 avait montré les limites d'une relation de bon voisinage. Mais aujourd'hui la situation a changé. Sur le plan international, la nécessité de l'application du plan Baker fait consensus. Ce qui ne donne plus à Rabat une marge de manœuvre importante pour continuer à défendre la “marocanité” du Sahara occidental. Alger s'en tient, quant à elle, aux résolutions des Nations unies prévoyant, notamment un référendum d'autodétermination dans cette ancienne colonie espagnole. Le royaume chérifien, conscient de l'importance du flux financier des touristes algériens, n'a pas cessé de revendiquer la réouverture des frontières ces dernières années. Alger soutient que la normalisation ne se limitait pas seulement à cet aspect et devrait englober toutes les questions en suspens entre les deux pays. Et, du coup, la problématique des frontières exigera encore beaucoup de temps avant de connaître un début de solution dont une bonne partie dépendra de la volonté réelle de Rabat de lever les amalgames entretenus, jusque-là, entre sa relation bilatérale et le conflit du Sahara. S. T.