Louisa Hanoune ne se fait plus d'illusions : le régime ne peut se régénérer et le scrutin de jeudi dernier signe sa faillite totale. Elle n'hésite pas d'ailleurs, au regard des résultats annoncés, d'évoquer "un hold-up électoral", un scrutin "aux relents putschistes". "Le hold-up sans précédent concrétisé le 4 mai pour sauver le FLN et, partant, le régime, avec une façade multipartite préfabriquée de toutes pièces, à travers la distribution de miettes à certains partis pour qu'ils se taisent, est l'expression violente et terrifiante que l'équilibre des forces est en défaveur des forces patriotiques au sein des institutions. C'est la faillite du régime", a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse, hier, au siège du parti à Alger. "Une page a été tournée pour céder la place à une démarche ouvertement totalitaire de la part d'une partie du pouvoir. La majorité des partis a été domestiquée, la pollution politique a atteint son paroxysme lors de ces législatives", dit-elle. "Cette dérive est l'expression de l'essoufflement total du régime, incapable de se régénérer car en rupture avec la majorité du peuple, pour se mettre au service de parvenus, nouveaux riches prédateurs." Les partisans du régime "pensent pouvoir le perpétuer par la contrainte, la fraude, le recours à des pratiques moyenâgeuses, en violation de la Constitution. Mais les lois de l'histoire sont implacables. Rien, nul ne peut sauver un système complètement périmé", dit-elle. Comme certains autres partis, elle dénonce une fraude massive au profit des partis du pouvoir, notamment le FLN. "L'élection du 4 mai s'est déroulée à la Naegelen. Les bulletins nuls constituent la majorité absolue. À Alger, où la participation n'a pas dépassé 10%, le nombre de bulletins nuls est de 50%, constitués en partie du vote des militaires, et c'est la première fois que ça arrive. Il y a eu des voix de militaires au profit du FLN et, à un degré moindre, au RND. Ce coup de force s'est généralisé entre 16h et 17h. L'opération s'est généralisée à travers le pays car jusque-là, il y avait des résistances dans les centres de vote de la part des représentants de partis. Quant au prolongement de l'heure de vote, c'est pour parachever l'opération de bourrage. On a confirmé l'existence d'urnes parallèles, y compris à Alger où il y a eu des voix usurpées pour imposer le FLN comme première force. Le bourrage s'est fait à ciel ouvert, parfois en expulsant les contrôleurs de force. Dans certains bureaux, on a refusé de donner les PV aux représentants de parti jusqu'à ce qu'ils soient falsifiés", a relaté Louisa Hanoune. Elle a dénoncé également le parti pris de certains juges, de certains responsables de l'administration et de chefs de daïra qui ont travaillé au profit du FLN. "Ce qui a été révélé qui est d'une extrême gravité, c'est l'absence d'un Etat central avec des institutions homogènes car dans les wilayas, chacun a fait ce qu'il a voulu et nous avons enregistré des attitudes différentes, voire contradictoires, parmi les responsables de l'administration et les juges. Certains ont tenté de résister à ce rouleau compresseur, le hold-up. Les autres, au contraire, ont été parmi ses artisans." Mme Hanoune préconise l'organisation d'élections "là où la fraude est prouvée", le recomptage des voix et l'annulation des PV trafiqués.Et la prochaine étape ? "Le PT va débattre au sein de ses structures pour faire le bilan, tirer les leçons des messages politiques délivrées par la majorité et des changements opérés sur la scène politique et dégager les formes appropriées pour aider les luttes en cours et pour intensifier ses interventions politiques et créer un rapport de force au profit de la majorité du peuple", a-t-elle dit. Louisa Hanoune soutient que l'abstention dépasse "80%" et se dit intriguée par "la tiédeur et la mollesse de certains partis pour dénoncer la fraude", allusion au FFS. Karim Kebir