La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est en colère. Sa formation politique a été victime, selon elle, d'une «vengeance» en raison de son «patriotisme». Le PT paye, de son avis, le prix de ses positions par rapport à la nouvelle politique du gouvernement et aux dernières lois de finances. Au lendemain de l'annonce des résultats des législatives, la première dame du PT a animé une conférence de presse au cours de laquelle elle a qualifié le scrutin du 4 mai d'un véritable «coup d'Etat» et un «hold-up électoral» contre la volonté populaire. «Nous avons senti le relent d'un putsch. Il y a eu une opération putschiste lors de ce scrutin, et ce, dans le but d'éliminer les partis qui dérangent et de propulser ceux qui prêtent allégeance. Il y a des centres du pouvoir qui se sont vengés contre le PT, seul parti qui a osé traiter des problèmes que nous vivons», accuse Mme Hanoune, persuadée que le PT a été sanctionné, parce qu'il a utilisé l'APN pour défendre les intérêts de la nation et pour avoir dénoncé les prédateurs, les oligarques, le pillage et l'utilisation de l'argent sale. La secrétaire du Parti des travailleurs est revenue longuement sur la signification du taux d'abstention qu'elle qualifie «d'historique» et sur la fraude massive caractérisée par le bourrage des urnes et l'utilisation d'urnes parallèles. Pour elle, les législatives du 4 mai ressemblent étrangement aux législatives de 1997. Mais du moins à cette époque-là, le pays était, soutient-elle, en guerre. Tout cela exprime, d'après la conférencière, l'essoufflement d'un système qui a rompu avec la majorité du peuple pour servir une infime minorité de parvenus et de nouveaux riches. «Cette fraude généralisée isole davantage le régime et accélère sa fin. Le système actuel n'a aucun ressort, il vit une crise mortelle», tranche Mme Hanoune qui demeure convaincue que le pouvoir a fraudé pour, entre autres, sauver le FLN. «Une fraude pour sauver le FLN» Derrière cette fraude, il y a aussi une volonté de créer une nouvelle carte politique sur mesure afin de garder le statu quo. Mais, la première dame du PT ne compte pas se taire, elle va défendre ses droits en introduisant des recours, comme elle appelle à de nouvelles élections partielles dans notamment les wilayas ayant vécu une fraude inégalée, à l'image de Annaba, Chlef, Jijel, Oran, Guelma et Tindouf. La ville de Tindouf a connu hier, révèle la secrétaire générale du PT, des manifestations de représentants de partis politiques privés de voix et de sièges. La ville de Guelma connaît aussi une effervescence. «Smaïl Kouadria, tête de liste de notre parti, a respecté son mandat et a fait une campagne appréciable. Il a toujours défendu les citoyens et a dénoncé la fraude, d'où son élimination. Pire, Kouadria a été tabassé à 3h par des baltaguiya et nous avons déposé une plainte», condamne Mme Hanoune qui pense que cette situation dénote de l'absence de l'Etat, qui était dans l'incapacité de protéger les urnes et le choix du peuple : «Ceux qui ont agi de la sorte veulent maintenir le statu quo mortel et il risque de les emporter eux aussi.» En analysant les résultats du scrutin, la secrétaire générale du PT trouve ahurissant les voix attribuées aux partis «courtisans» et de «l'allégeance» et en même temps elle s'est interrogée sur le silence assourdissant des partis politiques face à cette fraude généralisée. Elle s'est également demandé si ces partis n'ont pas vendu leur âme en contrepartie de quelques miettes… Toutefois, la patronne du PT estime que les partisans du système en décomposition sont définitivement discrédités par le peuple à travers le taux d'abstention récolté. Le PT ne baissera pas les bras, une nouvelle époque, dira-t-elle, va s'ouvrir : celle du combat direct. Mme Hanoune est persuadée que le citoyen va réagir dès lors qu'au malaise social et à la colère contre l'austérité vient s'agripper le mépris de la population qui a été privée de choisir ses véritables représentants. «C'est une provocation contre la majorité qui s'est abstenue et contre ceux qui ont voté et dont le choix n'a pas été respecté», note Louisa Hanoune.