Entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, et le président sortant du Comité olympique algérien (COA) et candidat à sa propre succession, Mustapha Berraf, le torchon brûle. Dimanche soir, le premier responsable du secteur de la jeunesse et des sports est de nouveau revenu à la charge pour réclamer une nouvelle fois des explications au COA sur les "irrégularités" constatées par son département dans la gestion du dossier de la participation aux Jeux olympiques et aux Jeux africains. "Je répète, il y a eu bel et bien des irrégularités au sujet de l'utilisation des budgets alloués par l'Etat pour les derniers Jeux olympiques et les Jeux africains. Nous avons saisi le COA pour une explication, mais nous n'avons rien reçu", souligne Ould Ali à Blida en marge de la finale de la coupe d'Algérie de volley-ball. Ould Ali menace même le COA, en termes à peine voilés, de sanctions : "Nous prendrons des mesures si nous n'avons pas dans les prochains jours des explications, et nous sommes même prêts à organiser une conférence de presse pour informer l'opinion publique sur la teneur de ces anomalies." Il faut rappeler qu'en marge d'une visite à Constantine, le 28 avril dernier, Ould Ali El-Hadi a évoqué une demande d'explication formulée auprès du COA concernant une importante somme (31 milliards de centimes) destinée à la préparation des Jeux olympiques et des Jeux africains dont une bonne partie n'aurait pas été utilisée, selon lui, à cet effet. Ce à quoi Berraf a répondu dans un point de presse, le 29 avril : "Je n'ai aucun problème avec le MJS. Bien au contraire, le MJS a le droit de me demander des comptes, de même que n'importe quel officiel qui représente l'Etat algérien. Je suis loyal envers mon pays. Au COA, on travaille avec tout le monde pour le bien du sport algérien", avant d'annoncer sa candidature pour un nouveau mandat à la tête du COA. "Je vais me porter candidat aux prochaines élections du COA. Finalement, j'ai eu un avis favorable de la part de mon médecin. Mon état de santé me permet désormais de postuler pour un nouveau mandat." En fait, la double sortie médiatique d'Ould Ali El-Hadi s'inscrit justement dans le cadre des élections du COA. C'est un secret de polichinelle, le patron du MJS est adepte d'un changement au sein du comité olympique, comme il a du reste milité pour un renouvellement au sein des fédérations sportives, à l'image de la FAF. C'est là une posture pleinement assumée. Cependant, après cette sortie médiatique, le MJS a essuyé des critiques concernant principalement le retard accusé dans le traitement de ce dossier des Jeux olympiques et africains. En effet, au retour de la délégation algérienne des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, fin août 2016, la presse et les observateurs avaient réclamé justement une commission d'enquête suite aux graves accusations du double médaillé olympique Taoufik Mekhloufi accusant les responsables du sport en Algérie de "sabotage", de "trahison" et de "détournement de moyens". Des dénonciations confortées par celles de l'entraîneur de Larbi Bouraâda, Mahour Bacha, et de Larbi Bouraâda lui-même, "abandonné à son sort au premier jour de la compétition", selon ses dires. Le chef de délégation, Amar Brahmia, cité également dans cette affaire, qui avait d'ailleurs admis certaines "anomalies" dans le dossier de la participation algérienne aux JO, s'était même montré favorable à l'ouverture d'une enquête. Cependant, au lieu d'ordonner une enquête, Ould Ali El-Hadi avait préféré faire carrément la politique de l'autruche. Le ministre de la Jeunesse et des Sports avait déclaré en effet que ses services "ne mettront pas en place une commission d'enquête sur la participation algérienne aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro", se disant même "très satisfait des résultats". À noter que les élections du COA sont programmées pour le 27 mai. SAMIR LAMARI