L'entraîneur Ahmed Mahour-Bacha, a estimé mercredi à Alger que la préparation de son décathlonien Larbi Bourrada, pour les jeux Olympiques JO-2016 de Rio de Janeiro (5-21 août), a été "fortement perturbée" par "des entraves administratives" provoquées par le Comité olympique et sportif algérien (COA) et la commission de préparation olympique (CPO). "Nous avons demandé une préparation de 181 jours pour Bourrada en vue des JO-2016, avec au menu des stages à l'étranger, alors que nous n'avons bénéficié que de 92 jours, soit la moitié de ce que nous avons sollicité. Le premier stage que mon athlète devait effectué à Doha a été annulé, nous nous sommes rabattus alors sur un stage à Alger. Le Comité olympique (COA) a pris en charge un seul stage de Bourrada, celui effectué en France d'une durée de 19 jours dont le montant est de 11460 euros", a affirmé Ahmed Mahour-Bacha lors d'un point de presse tenu à Alger. Pour sa première participation aux Jeux Olympiques, Larbi Bourrada avait décroché la cinquième place à Rio comme lors des mondiaux de Pékin 2015 avec à la clé un nouveau record d'Afrique de la spécialité avec 8521 points. "Nous avons fait une demande pour un stage en Espagne et au Portugal, pour des raisons d'ordre bureaucratiques, nous avons longtemps attendu avant que les formalités liées à ce stage ne soient accomplies. Le jour où je me suis présenté au niveau de la banque pour récupérer le budget alloué à ce stage, grande fut ma surprise de constater qu'il y a eu un manque de 10.000 euros, et que mon assistant Hocine Mohamed n'a pas été autorisé à partir avec nous, alors j'ai décidé d'annuler ce stage", a expliqué Mahour-Bacha. Et d'enchaîner : "L'argent alloué par l'Etat pour la préparation des athlètes pour les JO-2016 n'a pas été utilisé à bon escient. Il y a eu un dysfonctionnement flagrant et ce n'est pas normal. Le président du COA Mustapha et Brahmia ont dit beaucoup de mensonges à propos de ce sujet", a-t-il dénoncé. Pour l'ancien décathlonien des années 1970-1980, la préparation de Bouarrada a été perturbé par "Berraf et Brahmia", soulignant que la préparation de son athlète s'est déroulée "depuis avril dernier grâce à l'apport de la fédération algérienne (FAA). Pour Ahmed Mahour-Bacha, c'est "insensé qu'un budget de préparation pour le JO, estimé à 3 millions d'euros soit sous le contrôle de deux personnes. Il n'y a guère de transparence là dessus. Je ne vais pas entrer en conflit ou rabaisser mon niveau, mais ce qui s'est passé est inacceptable", appelant au passage à la nécessité de voir "le ministère de la Jeunesse et des Sports reprendre de nouveau le pouvoir de la gestion financière et ne pas le céder au COA". "Bouarrada doit aller à l'étranger" Conscient des capacités de son athlète de faire mieux qu'une 5e place décrochée aux JO-2016, Ahmed Mahour-Bacha a reconnu qu'une préparation d'un athlète de haut niveau en Algérie n'était "jamais suffisante". "Tous les stages effectués par Bouarrada à l'étranger étaient une totale réussite, mais une fois rentré au pays, c'est tout le travail qui part en fumée Dans cette optique, je pense que la solution est de voir Bourrada aller à l'étranger pour s'établir là-bas pour de longues années. Et comme je ne suis pas en mesure de l'accompagner, je vais saisir le MJS pour le prendre en charge, d'autant qu'il est capable de décrocher une médaille aux prochains mondiaux 2017 de Londres et même aux JO-2020 de Tokyo", a-t-il affirmé. Mahour-Bacha a considéré en effet que "la 5e place décrochée par Bourrada à Rio ne reflète pas son véritable niveau" ajoutant que c'est le fait d'avoir préparé cette compétition pendant seulement trois mois qui l'a autant amoindri. "Bourrada a un énorme potentiel et sa marge de progression est importante. Mais il doit partir à l'étranger, car c'est là qu'il trouvera les moyens nécessaires pour sa progression et atteindre son meilleur niveau" a-t-il insisté. Enfin, Mahour-Bacha a révélé qu'il avait saisi en mars dernier, à travers une correspondance, les pouvoirs publics sur "les lenteurs et les difficultés enregistrés dans la préparation des athlètes pour les JO-2016, mais mon appel de détresse n'a pas trouvé d'écho", a-t-il regretté. Ahmed Mahour-Bacha réfute les accusations de dopage Par ailleurs, l'entraîneur d'athlétisme Ahmed Mahour-Bacha a réfuté les accusations portées à son encontre dans des cas de dopage en Algérie, estimant être victime d'une machination. "Le président de la commission de préparation olympique (CPO) Amar Brahmia n'a aucune preuve contre moi, il m'a accuse à tort alors qu'il n'a pas eu le courage de me citer lors de son point de presse de lundi. Je refuse catégoriquement qu'on me colle l'étiquette d'un entraîneur qui incite au dopage, alors que j'ai toujours été à cheval avec mes athlètes sur ce point", a affirmé Ahmed Mahour-Bacha lors d'un point de presse tenu à Alger. Sous sa conduite, le décathlonien Larbi Bourrada, 5e aux derniers Jeux olympiques JO-2016 de Rio et Zahra Bouras, spécialiste du 800 m, avaient été contrôlés positifs en 2012 à une substance interdite : stalozonol. Les deux athlètes ont été suspendus pour deux années. "Depuis 2009, j'ai toujours transmis à l'Agence mondiale antidopage (AMA) le programme d'entraînement et le calendrier de Bourrada et Bouras dans le cadre du système d'administration et des gestion antidopage (ADAMS). La substance décelée chez mes deux athlètes peut rester dans le corps d'une période allant de 9 à 16 mois, je ne suis pas fou de leur administrer ce genre de médicament alors qu'il étaient sous contrôle", a expliqué Mahour-Bacha. Poursuivant sa plaidoyer, le technicien est allé jusqu'à parler d'un "acte prémédité" pour nuire à sa personne. "C'est un athlète de handisport qui est à l'origine indirectement de cette affaire, j'ai déposé plainte contre lui. Le concerné a été convoqué à trois reprises par la justice, mais il ne s'est pas présenté. Le dossier a été classé sans suite", a-t-il regretté. Evoquant son avenir, Ahmed Mahour-Bacha a affirmé qu'il continuait "toujours à exercer son métier d'entraîneur et tenter de découvrir des jeunes talents" comme ce fut le cas avec Bourrada.