Un rassemblement de citoyens, de membres de la société civile, d'amoureux des cafés littéraires et d'étudiants a été organisé, hier à Bouzeguène, à l'appel de l'association Tiawinine (Les sources) du village de Wizgan, pour dénoncer les interdictions, sans motifs, de plusieurs conférences et protester contre les agissements arbitraires qui ne visent, selon les manifestants, "qu'à tuer la culture". Le rassemblement, qui s'est tenu dans la cour du centre culturel Ferrat-Ouramdane, a permis aux nombreux intervenants d'exprimer leur soutien à cette association qui, en moins de trois ans d'activité, a organisé des rencontres avec des hommes de lettres, écrivains, cinéastes, hommes politiques, chercheurs, historiens et éminents acteurs de la Révolution. C'est suite à l'interdiction de la conférence de la romancière Hiba Tayda que cette action a été programmée. Lors de la prise de parole, de nombreux intervenants ont exprimé, à la fois, leur colère et leur indignation face à "ce verrouillage" qui ne dit pas son nom. L'unique objectif était, selon les intervenants, de mettre à genoux la liberté d'agir et les velléités d'asseoir une autorité de fer qui ne veut rien d'autre que contrôler toute initiative d'où qu'elle vienne. Après avoir rappelé les péripéties des refus, Yahia Ghaoui s'est interrogé : "Pourquoi, au moment où des conférences ont été autorisées au niveau même de la daïra, celle de l'association Tiawinine a été interdite ?" "C'est l'association qui est visée pour saper le moral de ses membres. Nous venons de déposer une autre demande d'autorisation pour une autre activité qui aura lieu samedi prochain. Il s'agit de la projection d'un film (un court métrage) réalisé par Omar Amroun. Nous espérons l'obtenir, sinon vous serez informés dès jeudi matin pour décider des actions à mener", a-t-il conclu. Hamid Ghaoui a, de son côté, tenu des propos virulents contre le pouvoir et les partis politiques. "Nous sommes tous l'association Tawinine. Le pouvoir a été comme toujours l'ennemi de la culture qu'il ne contrôle pas. Où sont les partis politiques qui sont venus, ici même, réclamer et demander le vote massif. Si les gens ont boycotté le dernier scrutin, c'est que ces mêmes partis ont quelque part failli", a-t-il déclaré. Ali Kashi, un membre de la société civile, lui, s'est dit "écœuré par cette situation. On doit rester vigilant et envisager des actions pour aller voir qui de droit et passer à l'action". Rachid Oudali, membre du comité de village de Sahel, propose l'organisation d'un sit-in devant la daïra. Un jeune venu de Larbaâ Nath Irathen dira sans ambages qu'"il ne faut rien attendre des potentats car ils font la même chose à Larbaâ Nath Irathen, où ils interdisent tout ce qui bouge". Un autre citoyen s'est demandé : "Pourquoi aucun député de Tizi Ouzou ne s'est déplacé ? Nous attendions au moins une quinzaine, mais aucun n'est venu." Tous les intervenants préconisent le passage à l'action dans l'immédiat. Pour l'heure, les citoyens restent dans l'attente de la prochaine conférence. Son autorisation fera sans doute baisser la tension et la colère. Dans le cas contraire, le pire est à craindre. KAMEL NATH OUKACI