D'un samedi à l'autre ! La tradition est à présent ancrée dans les esprits, et c'est l'Alger littéraire qui repère ses repères, sinon ses réflexes à aller au-devant de ces plumes au gré de l'agenda culturel. C'est le cas en cet après-midi de fin de week-end, où il y avait foule à la place Emir-Abdelkader, notamment aux alentours de la librairie du Tiers-Monde, pour y aller à la rencontre d'Amin Zaoui, venu présenter Eternel Mammeri, publié aux éditions Tafat. Autre révélation du jour ! La jeunesse ou la génération dite "tactile" n'était pas en reste, du fait qu'elle réapprenait à vivre en empruntant l'itinéraire de l'amusnaw. En effet, la masse juvénile était là, pour puiser dans le "verger" de l'enfant de Taourirt Mimoun, la sagesse de l'écrivain-poète, mais aussi l'apprentissage de la citoyenneté que D'da l'Mouloud avait ensemencé sur le sinueux sentier de la quête de l'identité : Eternel Mammeri est l'œuvre collective de l'élite littéraire de l'Algérie, issue de différentes générations porteuses d'un éventail de sensibilités diverses et d'esthétiques d'écriture différentes. Soit un débat à bâtons rompus autour de l'âtre brûlant de l'actualité et du génie intellectuel de l'anthropologue qu'il était de son vivant. Et, à feuilleter l'ouvrage, il plaît d'"entendre" les doyens Djouher Amhis Ouksel et Kaddour M'hamsadji disserter sur l'homme qui "engrangea" dans la grange de la mémoire collective les Isfra de Si Mohand ou M'hand. À ce duo "locomotive", il plut au ciel de lire également feu Tahar Djaout (1954-1993), Karim Younès, l'ancien président de l'APN (2002-2004), le romancier Amar Mezdad, le penseur Mohamed Lakhdar Maougal, la poétesse Rabia Djelti, l'écrivain Youcef Merahi, la lauréate du prix Escale littéraire d'Alger, j'ai cité Leila Hamoutène, l'écrivain-éditeur Brahim Tazaghart, le journaliste-traducteur Yassine Temlali, le professeur Dourari Abderrezak, Nassira Bendamèche, l'auteur de Césarée Cherchell, une cité millénaire d'art et d'histoire, en l'occurrence Mohamed Chérif Ghebalou, Hamid Bouhbib, les journalistes H'mida Ayachi, Salem Zenia, l'universitaire Mohamed Lalou, l'écrivaine Dihya Lwiz, Hacène Halouane, Slimane Aït Sidhoum, l'auteur-journaliste et producteur de radio Aziz Farès, Mourad Brahimi, Djamel Alilat, Abdelhamid Kennouche et l'éditeur-écrivain Tarik Djerroud. Autant de talentueuses plumes qui ont irrigué de leur sève créatrice les pages d'Eternel Mammeri pour que D'da l'Mouloud soit au Panthéon des grands hommes auquels la nation est reconnaissante. "Il y a de l'enthousiasme, un bon accueil et un excellente retour d'écoute à la dimension d'un livre qui se veut l'hommage mais aussi une promesse de fidélité de l'intelligentsia algérienne à l'égard de Mouloud Mammeri. Donc, que ce soit à Béni Yenni ou tout autre lieu de l'Algérie profonde, l'engouement du lectorat est le même à chacune de mes escales. D'où l'évidence qu'il y a une réelle curiosité intellectuelle vis-à-vis de ce modeste ouvrage consacré à Mouloud Mammeri, ce précurseur de la question de l'identité et de la langue", nous a confié Amin Zaoui. Autre question de l'heure, l'auteur met en garde quant à la "ghettoïsation de la question identitaire" qu'il qualifie de dangereux ! Louhal Noureddine