Lâché par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, au sujet du maintien de Mahfoud Kerbadj à la tête de la LFP, et par les présidents de club dont certains n'ont pas hésité à le descendre en flammes, le nouveau président de la FAF, Kheïreddine Zetchi, fait le dos rond et laisse passer l'orage. Point de réaction pour l'instant, Zetchi fait comme si de rien n'était alors qu'il fait bel et bien face à sa "première crise" et à "une véritable campagne de déstabilisation", comme l'affirment ouvertement ses proches. Cependant, jeudi, la FAF a annoncé, officiellement, la nomination de Rabah Madjer au poste de conseiller technique et ambassadeur de la FAF auprès de la CAF et de la Fifa. Difficile de ne pas y voir une réponse habile à ses détracteurs à travers le recrutement d'un poids lourd et d'une icône du football algérien, censée inverser rapidement la courbe de crédibilité et donc de légitimité, à une fédération vacillante aux yeux de l'opinion publique. D'ailleurs, selon ses proches, Zetchi compte donner un coup d'accélérateur dans les prochains jours à la mise en place de son plan de réforme, en nommant de nouvelles têtes "accrocheuses" dans les différentes structures de la FAF, afin, justement, de casser cette image d'un nouvel élu, n'ayant pas les coudées franches et hésitant à provoquer le changement. D'ailleurs, hier, Zetchi a reçu un message clair, via la presse, de la part du ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, l'exhortant, justement, à apporter rapidement des changements dans la gestion de la fédération. "Je ne suis pas contre Zetchi, mais il doit apporter des changements dans la gestion de la FAF." Dans son édition de mardi dernier, Liberté avait expliqué pourquoi rien n'avait changé à la FAF, évoquant le maintien incompréhensible des responsables de l'arbitrage et de la gestion de la Coupe d'Algérie notamment. Le soutien conditionnel du MJS En parallèle, Zetchi veut également frapper d'une main de fer contre les présidents des clubs frondeurs pour ne pas dire carrément moqueurs, afin de rétablir l'autorité écornée de la FAF. Jeudi, Zetchi aurait prié la LFP de faire appliquer le code disciplinaire de la FAF, contre les dirigeants qui dérogeraient à l'obligation de réserve. En effet, dans son article 78 relatif aux "infractions portant atteinte à l'éthique et à la morale sportive et à la violation de l'obligation de réserve", le code prévoit une sanction d'un an ferme de suspension de toute fonction officielle pour le dirigeant fautif. De même que l'article 79 du code disciplinaire relatif à l'outrage à la fédération, prévoit, entre autres, deux ans de suspension. Deux présidents de club, à savoir Omar Ghrib et Abdelkrim Medouar, feraient, en effet, l'objet d'une convocation à la commission de discipline de la LFP pour s'expliquer sur leurs déclarations avant sanction. Les deux responsables du MCA et de l'ASO ont déclaré à la presse que "la direction actuelle de la FAF est faible". Cependant, avec son retour en force à la LFP, Mahfoud Kerbadj ne laissera sans doute pas tomber deux présidents alliés. Selon une source, Kerbadj refuse de convoquer les deux dirigeants au motif qu'ils ont parlé dans un cadre légal, à savoir l'assemblée générale de la LFP. "Cela fait partie de la liberté d'expression", fait remarquer Kerbadj. Pis encore, Kerbadj dénonce en termes à peines voilés les immixtions de la FAF dans les affaires de la LFP et appelle à revoir la convention signée entre les deux parties de façon à assurer une meilleure autonomie de la ligue, sachant que du point de vue réglementaire la LFP agit par délégation de la FAF. La fédération a même le droit de dissoudre la ligue, ce qui est peu probable cependant. C'est dire que Kerbadj compte bien tirer profit des dividendes de l'Agex de mercredi dernier et de réclamer plus de prérogatives pour la LFP. Zetchi, face au refus de la LFP, dispose de la solution que lui offrent les statuts de la FAF. Le patron de la fédération peut convoquer Ghrib et Medouar devant la commission de discipline de la FAF. Les statuts de la FAF indiquent, clairement, dans l'article 19 (organes de la FAF) que "les organes juridictionnels sont la commission de discipline et la commission de recours". Mais il y a un hic : la commission de discipline n'a pas encore été mise en place par la FAF. Elle n'existe donc pas. Sauf à vouloir à tout prix la créer au pied levé, il est donc impossible d'envisager cette seconde hypothèse. C'est donc l'impasse inéluctable !