Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbes, a annoncé, hier, aux 161 députés de son parti la nouvelle tant attendue. Saïd Bouhadja, membre du bureau politique du FLN, est le candidat du parti à la présidence de l'Assemblée populaire nationale. Il est assuré d'être élu à ce poste par la majorité de ses pairs dès lors que le secrétaire du RND, Ahmed Ouyahia, a instruit, le même jour, dans une réunion tenue au siège de l'APN, les 100 parlementaires élus sous la bannière du Rassemblement à voter pour le candidat du FLN. La cooptation de Saïd Bouhadja, 78 ans, est surprenante à telle enseigne qu'aucun pronostic n'y a fait allusion jusqu'à hier, une heure à peine avant l'officialisation de sa candidature. Pourtant, depuis la proclamation des résultats provisoires du scrutin législatif, plusieurs parlementaires du vieux parti, notamment ceux ayant dirigé des départements ministériels, ont été cités par la presse nationale comme prétendants potentiels à la fonction de troisième personnage de l'Etat. Tahar Khaoua, El-Hadj Laïb, Sid-Ahmed Ferroukhi et Ghania Eddalia sont des noms revenus comme un leitmotiv dans les colonnes des quotidiens et des sites d'information électroniques, des jours durant. Aucun ne semblait, certes, destiné à présider l'Assemblée populaire nationale, en apparence du moins. Les députés cités sont venus s'inscrire, samedi dernier, au registre de l'administration de l'institution parlementaire, dans les mêmes conditions que les autres élus. Dès lors, ils ont été écartés de facto de la short-list de candidats pressentis à ce poste. "Abdelaziz Ziari, en 2007, et Ould Khelifa, en 2012, ont été reçus à l'Assemblée avec les honneurs avant son installation officielle. C'était un signe qui montrait clairement qu'ils avaient obtenu la présidence de l'APN et que l'administration de la chambre basse en était informée", raconte un député qui entame son troisième mandat. Hadj Laïb a confié à des collègues députés, samedi dernier, qu'il n'avait pas été approché par la Présidence pour assurer les charges de cette haute responsabilité. Tahar Khaoua, Sid-Ahmed Ferroukhi et Ghania Eddalia non plus, selon des indiscrétions. Dans les couloirs de la chambre basse, la piste de Ghania Eddalia, ex-ministre chargée des relations avec le Parlement, alimentait d'ailleurs des anecdotes quelque peu machistes. Il est dit qu'il n'est pas opportun de coopter, sous couvert d'une élection par ses pairs, une femme au statut de troisième personnage de l'Etat, afin d'éviter des cafouillages protocolaires. "Comment serait-il possible d'admettre, par exemple, une femme parmi des hommes lors des prières de l'Aïd à la Grande mosquée ?", se demande-t-on avec un certain scepticisme. Pourtant, Mme Eddalia autant que Sid-Ahmed Ferroukhi et Tahar Khaoua ont permis au FLN d'engranger sa meilleure moisson dans les deux circonscriptions électorales où ils se sont présentés, soit 8 élus à Blida et 10 à Alger. À Oran, Hadjoudj Abdelkader, membre du bureau politique du FLN, est parvenu à mettre dans l'escarcelle de son parti 15 sièges sur les 18 à pourvoir. Une performance. Pourtant, son nom n'est pas apparu dans les pronostics des uns et des autres sur le futur président de l'APN. Saïd Bouhadja a été élu, quant à lui, à Skikda, avec uniquement deux colistiers sur un potentiel de onze sièges à gagner. Dans cette ville, le FLN est supplanté par le RND. À défaut de la légitimité des urnes, l'homme a, en toute vraisemblance, été désigné au poste sur des fondements politiques ou peut-être juste sur la base d'accointances personnelles avec des personnes influentes dans le cercle de décision. Souhila Hammadi