Les syndicalistes mettent en garde "ceux qui jouent avec le feu" et promettent une riposte appropriée à ces provocations. Le secrétaire général de l'union locale UGTA de Rouiba a fait de fracassantes révélations sur certaines pratiques liées aux passations de marchés publics qui ont privé des entreprises publiques de plans de charges les mettant dans une situation asphyxiante. Dans un point de presse organisé au siège de l'union locale, ce syndicaliste, qui a organisé la semaine dernière un rassemblement de tous les cadres syndicaux de la zone industrielle de Rouiba, se dit consterné par certaines pratiques qui ont favorisé des entreprises privées au détriment de celles relevant du secteur public qui emploient des milliers de travailleurs dont certains n'ont pas perçu leurs salaires depuis deux mois. Il cite, documents à l'appui, l'exemple du marché relatif à l'aménagement et la viabilisation de la zone industrielle de Biskra attribué à une entreprise privée appartenant à un député pour un montant de 4 100 millions de dinars alors que l'entreprise publique Hydro-technique qui emploie 1 800 travailleurs et qui a constitué un groupement avec l'entreprise Official Prestations a été la moins-disante avec une offre de 3 850 millions de dinars, soit une différence de 250 millions de dinars. L'offre de l'entreprise publique connue pour son savoir-faire dans le domaine a été exclue au motif que le protocole d'accord signé entre les deux entreprises n'est pas conforme. "La commission interministérielle des marchés au niveau du ministère de l'Industrie a rejeté notre recours alors que le groupement d'entreprises est solidaire lorsque chacun des membres du groupement est engagé pour l'exécution de la totalité du marché. Alors que l'article 24 du protocole signé entre les deux entreprises stipule que les deux parties constituent un groupement momentané d'entreprises conjointes et solidaires avec le client", explique, par ailleurs, un cadre de l'entreprise. Un autre exemple où des entreprises publiques ont été écartées dans l'octroi de plans de charge est celui relevant de l'Office national de l'irrigation et du drainage relevant du ministère de l'Agriculture relatif à un projet de "réalisation de travaux hydro-agricoles à Skikda", également donné à une entreprise privée pour un montant de 4 490 millions de dinars, alors que la meilleure offre financière est celle émanant de l'entreprise publique ENRGTH dont le siège central se trouve à Annaba qui a soumissionné pour un montant de 4 300 millions, suivie d'une autre entreprise publique qui est Hydro-aménagement de Rouiba et qui a demandé un montant de 4 440 millions de dinars. "Lors de l'ouverture des plis effectuée le 28/12/2016, l'entreprise privée était classée à la 3e place en matière d'offres financières en proposant 4 490 millions de dinars", note Messaoudi, qui s'interroge sur quels critères un tel marché a été accordé à cette entreprise qui ne dispose pas d'expérience dans le domaine par rapport à ENGTH et d' Hydro-aménagement. Ces deux entreprises publiques, qui possèdent, pourtant, une grande maîtrise dans ces travaux et qui emploient toutes les deux plus de 3 500 travailleurs, ont été disqualifiées pour ce marché qui leur aurait évité les déboires financiers à cause de non-paiement de leurs factures par des institutions étatiques. "On nous a surpris à la dernière minute par cette information selon laquelle l'entreprise privée a fait une lettre pour un rabais lors de l'ouverture des plis. Or, cette lettre n'a jamais existé et on l'a évoquée lors de l'attribution provisoire du marché le 28 février dernier. L'entreprise privée a réduit son offre de 220 millions, ce qui l'a mise à la première place", affirme un syndicaliste de l'entreprise. Un autre cadre de l'ENRGTH a précisé que son entreprise dispose de la qualification 9 et à son actif plusieurs projets réalisés tels que les grands projets d'irrigation et d'AEP dans les wilayas d'Annaba, d'Oum El-Bouaghi, de Chlef, de Guelma, de Tlemcen, de Bouira, entre autres. "À cause de ces pratiques d'exclusion des entreprises publiques de plans de charge en dépit des directives du chef du gouvernement, notre entreprise se trouve dans une situation qui l'a obligée récemment à recourir à un prêt bancaire pour payer les salaires de ses travailleurs à la veille du mois de Ramadhan." Pour M. Messaoudi et les cadres syndicaux de Rouiba : "Il y a une volonté manifeste dégagée par certains responsables à un haut niveau pour ‘tuer' le secteur public alors que le président de la République n'a cessé d'apporter son soutien aux entreprises publiques à l'exemple d'El-Hadjar et de la SNVI." Les syndicalistes de Rouiba mettent en garde "ceux qui jouent avec le feu" et promettent une riposte appropriée à ces "provocations qui mettent en péril le devenir du secteur public et des milliers d'emplois". M. T.