Après avoir manifesté vivement contre la suppression de la retraite anticipée, il y a quelques jours, les syndicalistes de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) comptent réinvestir aujourd'hui le terrain. Cette fois-ci, ils dénoncent une «mise à mort programmée» du complexe mécanique, au moment où les autorités publiques s'emploient à relancer l'industrie nationale à l'ère de la nouvelle politique de diversification économique. En effet, le siège central de la SNVI, se trouvant à la zone industrielle de Rouiba (Alger), sera investi ce matin par une cinquantaine de syndicalistes représentant les différentes filiales du groupe pour dénoncer une situation interne «intenable». Selon des sources syndicales, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, il y a péril en la demeure. Contrairement aux déclarations rassurantes des dirigeants sur l'avenir assuré pour le groupe public, les travailleurs se montrent plutôt pessimistes et se disent préoccupés par la gestion de l'entreprise, jugée «catastrophique» et «opaque». Les syndicalistes des différentes filiales réparties sur le territoire national se sont entendus pour tenir, aujourd'hui, dans la matinée un sit-in au niveau du siège social du groupe afin de remettre une plateforme de revendications à la direction générale. Parmi les points soulevés, figurent la question de la préservation de l'activité industrielle et les investissements promis par les pouvoirs publics afin de redynamiser l'entreprise. «A ce jour, nous assistons plutôt à des dysfonctionnements qui mettent de plus en plus en péril notre outil de travail. Les unités de montage fonctionnent au ralenti. Et la fonderie qui devait être réhabilitée est constamment à l'arrêt», précisent nos sources, pointant du doigt l'actuelle direction générale jugée «incompétente à mener un projet de relance» d'un site de production autrefois fleuron de l'industrie nationale. Selon les mêmes syndicalistes, «le PDG actuel, Malek Saleh, est en train de mener une véritable politique de compression d'effectif sans la déclarer officiellement». «Le nombre de travailleurs recrutés sous contrat pour une période déterminée (CDD) est illustratif de cette fuite en avant», appuient-ils. D'ailleurs, l'avenir de ces contractuels, qui sont de plus en plus nombreux, constitue un point essentiel de la plateforme de revendications. «On assiste à la réduction graduelle des salariés permanents et une véritable action de dislocation de l'entreprise. On a réduit le groupe SNVI à un simple chantier», dénonce-t-on. «Où sont les projets d'investissement ?», s'interroge-t-on également. Les syndicalistes, outrés par la situation actuelle de leur entreprise, parlent «d'une mauvaise gestion, engendrant des pertes financières considérables». Réclamant une réunion d'urgence avec la direction générale, les représentants des travailleurs tiennent aussi à la préservation de la retraite anticipée ou proportionnelle, surtout pour les travailleurs assurant des métiers pénibles. L'union locale de l'UGTA, par la voix de son secrétaire général, Messaoudi Mokdad, se dit solidaire et prête à soutenir l'action des syndicalistes de la SNVI. «Il s'agit après tout de défendre une entreprise publique qui a un poids indéniable», tient à préciser le SG. Quant au projet de loi amendant la loi relative à la retraite présentée par le gouvernement, l'union locale de Rouiba ne revient pas sur sa position et se dit catégoriquement contre ce projet.