Les syndicalistes d'Infrafer et l'union locale UGTA de Rouiba ont tiré, hier, la sonnette d'alarme sur la situation critique que traverse cette entreprise, leader national des travaux ferroviaires, et dont les 1 400 travailleurs n'ont pas touché leurs salaires depuis quatre mois. Les syndicalistes, qui se sont exprimés lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'union locale, parlent de “complot contre Infrafer” qui s'est vue écartée de toutes les soumissions pour la réalisation des projets ferroviaires. “En plus de nos créances estimées à 3 milliards de dinars, toujours bloquées par l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) pour ses propres raisons, notre entreprise a réussi à décrocher plusieurs marchés qui ont été vite annulés pour des raisons obscures”, affirme M. Haroudi Kamel, membre du syndicat d'Infrafer, qui précise que certains de ces marchés ont été aussitôt attribués à des entreprises privées nationales et étrangères, ajoute M. Haroudi. Les syndicalistes ont également exprimé leur étonnement lorsque l'Anesrif a lancé, le 16 juin dernier, un avis d'appel d'offres national et international pour des travaux qui relèvent de la spécialité de Infrarail, une filiale de Infrafer. “Pourquoi un tel avis d'appel d'offres alors que le président de la République et les nouvelles dispositions du code des marchés publics, tendent à favoriser les entreprises publiques nationales”, s'étonne M. Boudjemaâ Belaïd, membre organique du syndicat d'entreprise. Les représentants des travailleurs ne cachent pas leur colère face à ce qu'ils qualifient “d'ingratitude et de mépris” affichés à leur égard et à celui de leur entreprise. “Dans les moments difficiles, c'est Infrafer et nos travailleurs qui, au risque de leur vie, ont bravé le terrorisme pour remettre les différentes installations ferroviaires en service après chaque acte de sabotage, et voilà comment on les remercie”, affirment les syndicalistes, qui soulignent avoir envoyé plusieurs lettres aux différents responsables concernés sans avoir reçu de réponse. “Nous avons frappé à toutes les portes, ni la SGP, ni le ministère des Travaux publics, ni le ministère des Transports, ni le Premier ministre, ni la Centrale syndicale UGTA, n'ont daigné nous répondre ou nous recevoir”, précisent-ils encore. “Comment ose-t-on parler d'augmentation de salaires pendant que 1 400 familles vivent dans la misère depuis quatre mois, et au même moment leur outil de travail est en train de disparaître”, s'est interrogé un membre du comité de participation. Les conférenciers ont également fait part de leur étonnement suite à la décision prise par les pouvoirs publics qui ont “versé”, depuis juin 2010, leur entreprise au ministère des Transports, alors qu'elle a toujours été attachée au ministère des Travaux publics. “On ne sait plus à quel secteur on est rattaché alors que notre entreprise est en train de disparaître dans l'indifférence générale”, ajoutent encore les syndicalistes qui précisent que “les usines de fabrication des traverses sont à l'arrêt sans que personne ne se soucie”. Les syndicalistes précisent que leur P-DG a fait son travail en alertant tous les responsables concernés par cette situation. En plus des 1 400 travailleurs dont les postes de travail sont menacés, faute de plan de charge, 300 autres, qui assuraient le gardiennage des installations d'Infrafer et qui appartiennent à une entreprise privée, risquent, eux aussi, d'être licenciés. De son côté, le secrétaire général de l'union locale de Rouiba, M. Messaoudi, a menacé de faire sortir dans la rue les travailleurs de toute la zone industrielle pour soutenir les 1 400 travailleurs d'Infrafer. “Les mêmes subterfuges utilisés pour couler Sonatro sont en train d'être appliqués pour Infrafer, mais nous n'allons pas rester les bras croisés”, a-t-il averti. Et de préciser : “Des gens agissent dans l'ombre pour casser les entreprises publiques au profit du privé et cela malgré les directives du président de la République et du Premier ministre”, a-t-il encore ajouté.