Le secteur de l'énergie n'est plus chapeauté par un seul ministre. Telle est l'une des conclusions à tirer du nouveau gouvernement Tebboune. Mustapha Guitouni, qui occupait auparavant le poste de P-DG de Sonelgaz, est à la tête du département Energie amputé du segment des énergies renouvelables. Ce secteur est désormais rattaché à l'environnement. Ce poste est occupé par Fatma Zohra Zerouati, du parti TAJ d'Amar Ghoul. Elle est membre de la Fédération nationale de protection de l'environnement. Cette division du travail confère moins de cohérence à l'action gouvernementale. Cette configuration risque de poser des problèmes de coordination d'autant que ce sont des entreprises locomotives du secteur de l'énergie, à savoir Sonatrach et Sonelgaz à qui est confié le rôle moteur de développement des énergies renouvelables. Cette décision de scinder les activités de la branche en deux départements distincts risque de remettre en cause le lancement de l'appel d'offres prévu pour fin mars et reporté, portant sur la production de 4 000 MW d'électricité à partir de centrales photovoltaïques. Dans cet appel à la concurrence, Sonelgaz a été choisie pour piloter le lancement de l'appel d'offres. En tout état de cause, il faut s'attendre à l'évidence à des changements concernant le pilotage du programme des énergies renouvelables. Dans le précédent gouvernement, le ministère de l'Energie et celui de l'Industrie se disputaient le marché des énergies renouvelables. On peut se demander si cette division du travail n'obéit pas aujourd'hui à des convoitises sur le marché des énergies renouvelables. À noter également que c'est de nouveau un P-DG de Sonelgaz qui hérite du poste de ministre de l'Energie. Mustapha Guitouni a cumulé une longue expérience de manager à la compagnie nationale d'électricité. Il a occupé notamment la fonction de directeur général de la société de distribution d'Alger (SDA), une filiale de Sonelgaz. Son prédécesseur, Noureddine Boutarfa, était également P-DG de Sonelgaz. Ses efforts pour arracher l'Accord d'Alger, qui correspond à une inflexion de la politique de production de l'Opep vers une limitation conséquente de production, ont contribué au succès de l'Accord de Vienne et, partant, ont permis de remonter les cours du pétrole au-dessus de la barre des 50 dollars. Ce succès n'a pas empêché la nomination d'un nouveau ministre de l'Energie. Il convient de noter que l'Algérie n'a pas encore une vision stratégique de l'évolution du secteur de l'énergie. Dans l'amont pétrolier, le cadre réglementaire actuel n'est pas incitatif pour l'investissement étranger. Les ministres de l'Energie, qui se sont succédé, n'ont pas réussi à introduire les aménagements adéquats en vue de rendre le domaine minier national plus attractif. Le pays est également confronté au problème du renouvellement des contrats gaziers long terme. La valorisation du gaz, une option retenue aujourd'hui, semble buter sur le retard dans le développement du programme pétrochimique de Sonatrach. Les efforts pour réussir la transition énergétique s'effectuent à pas lents : pas de modèle rationnel de consommation énergétique, programme peu ambitieux de maîtrise et d'efficacité energétique, grand retard dans le développement des énergies renouvelables. Autant de dossiers lourds dont l'éparpillement des tâches en deux ministères distincts ne facilitera pas le traitement. K. Remouche