Résumé : Youcef prépare le dîner. Linda découvre ses dons culinaires avant de lui proposer de passer la nuit sur le divan du hall d'entrée. Au matin, elle constate que le jeune homme avait préparé le petit-déjeuner et était en train de nettoyer le jardin. Un quart d'heure plus tard, trempé de sueur, Youcef vint la saluer et s'enquérir des tâches de la journée. Linda s'essuie les lèvres et sourit. -Tu as déjà devancé le programme. La cuisine est bien rangée et le jardin est défriché. Comme il est trop tôt pour préparer le déjeuner, tu n'auras pas grand-chose à faire, sauf peut-être... Elle hésite un moment. -Oui, madame ? -Eh bien, comme je ne peux pas me rendre à la banque, je vais établir un chèque en ton nom, et tu iras me retirer un peu d'argent. Elle allait se lever, mais il met la main sur son épaule et l'oblige à se rasseoir. -Je crains de ne pouvoir retirer de l'argent pour vous, madame, ni d'ailleurs pour moi. -Pourquoi ? Ah ! Je pense que tu as peur que quelqu'un te reconnaisse. Personne ne te connaît dans ce quartier, Youcef, tu peux être tranquille de ce côté-là. -Ce n'est pas ça, madame. Le problème réside dans le fait que je n'ai aucun papier sur moi. -Et vous savez bien que je dois présenter une carte d'identité pour un retrait d'argent. Linda porte la main à sa bouche. -Oh ! J'ai totalement oublié ce détail. Comment va-t-on faire alors ? -Eh bien, nous allons tout bonnement attendre que votre cheville se dégonfle, et vous irez vous-même faire votre retrait. Si je me rappelle bien, vous avez fait vos courses hier. -Oui, heureusement d'ailleurs. Mais je ne peux tout de même pas rester sans argent. Certes, je n'ai pas l'habitude de garder une grosse somme à la maison, mais je n'aime pas non plus rester sans le sou. -On s'habitue à tout dans la vie, madame. Excusez-moi, mais je me suis permis de prendre le sécateur dans la remise pour couper les herbes folles et nettoyer le jardin. Il faut dire qu'il en avait drôlement besoin. Cela m'a aussi permis de faire quelques mouvements physiques. Depuis le temps que j'ai abandonné le sport, je ne sentais plus mes muscles. Pourrais-je brûler ces herbes mortes derrière la maison ? -Bien sûr, Youcef. Mon mari les brûlait dans une grande bassine métallique, quand il lui arrive de penser à l'entretien du jardin. Cela n'arrive d'ailleurs qu'occasionnellement. Tu trouveras tout ce qu'il te faut sous le préau. -Dans ce cas, je vais y aller tout de suite. Il disparut, et Linda rejoint sa chambre et ouvre la garde-robe de son mari. Il lui arrive souvent de laisser un peu d'argent liquide dans les poches internes de ses vestes, et elle n'eut pas à chercher longtemps pour tomber sur quelques billets. Elle referme la porte de l'armoire et s'assoit sur son lit pour les compter : mille, deux mille, trois mille, et quelques pièces. Cela suffira pour le moment. Dans deux jours, elle ira faire sa radio chez le médecin et en profitera pour retirer un peu d'argent à la banque du quartier. Youcef revint. Il avait fait du beau travail. Dégagé des herbes folles, le jardin respirait. Elle pourra désormais passer ses soirées dans un coin tranquille au milieu de la nature, et laisser ses fenêtres ouvertes sans craindre les moustiques ravageurs. -C'est formidable, Youcef. Qui t'a appris à faire ce beau travail et à être si ordonné ? -Mon père. Il avait horreur du désordre et aimait le travail parfait. -Je le vois bien. -Je vais maintenant préparer le déjeuner. Que voulez-vous manger, madame ? (À suivre) Y. H.