Résumé : Linda profitera de l'appel de son mari pour lui parler de l'homme à tout faire qu'elle voulait engager. Salah est pressé de raccrocher et donnera son consentement sans demander son reste. Curieusement, elle ne se sentit pas du tout frustrée cette fois-ci par cette fuite en avant de son propre mari. Au contraire, elle était plutôt soulagée et heureuse de pouvoir aider son "mendiant". Elle allume les deux lampes du grand hall et ouvre la porte d'entrée. Un vent tiède soufflait. L'atmosphère était étouffante. Tenant la béquille d'une main, Linda s'avance jusqu'à la première marche d'escalier et s'agrippe à la balustrade, avant de tenter d'attirer l'attention du jeune homme, toujours assis sur son banc, et qui semblait si absorbé dans la lecture d'un document qu'il ne l'entendit pas. - Youcef ! Youcef ! appelle-t-elle de nouveau en agitant sa main libre. Un voisin qui passait par là lui jette un regard curieux. Mais elle n'en a cure. Enfin, Youcef lève la tête et l'aperçoit. Il saute sur ses pieds et vient vers elle. - Vous m'avez appelé, madame ? - Cela fait plusieurs minutes que j'essaye d'attirer ton attention. - Vous m'en voyez désolé. J'étais un peu distrait. Auriez-vous besoin de quelque chose ? - Oui. Entrez un moment. Il fait trop chaud dehors. Elle retourne au salon, et le jeune homme la suit. - Assieds-toi là, Youcef. Elle lui désigne un fauteuil, puis poursuit : - Voilà, je viens de discuter avec mon mari. Il va s'absenter encore pendant quelque temps, mais il est d'accord pour que tu commences à travailler dès demain chez nous. Je ne sais pas si cela t'arrange, Youcef. Nous n'avons pas encore négocié ton salaire. - Et cela vous inquiète... ! Il secoue la tête. - Madame D., je suis prêt à vous servir. Mais à une seule condition. Ne racontez jamais à qui que ce soit que quand vous m'aviez vu pour la première fois je portais une camisole de force. - Mais je n'en avais aucunement l'intention. Et puis, les gens du quartier vous ont sûrement remarqué bien avant moi. - Je n'en disconviens pas. Si je vous demande de me faire cette faveur, c'est parce que je vais demeurer chez vous, et je n'aimerais pas qu'on retrouve ma trace avant que je n'aie tout réglé. Linda lui jette un regard où se lisait sa consternation. - Tu es donc recherché ? Il se mord les lèvres avant de lancer d'une petite voix : - Croyez-moi, madame, je ne suis ni un malade mental, ni un escroc, ni un homme qui veut profiter de votre gentillesse et de votre grand cœur. - Alors pourquoi te recherche-t-on ? Il passe la main dans ses cheveux avant de répliquer : - Eh bien, parce que je ne voulais pas me marier. Ahurie par cette révélation, Linda réprima un fou rire. Est-ce une amère réalité, ou bien cet homme lui racontait-il des balivernes ? Elle se ressaisit pour demander : - Tu plaisantes, bien sûr, Youcef ? - Je vous assure, madame, que je vous raconte la stricte vérité. Vous êtes tellement bonne que je n'aurais pas le courage de vous mentir. Elle le regarde, puis prend une lente inspiration avant de lancer : - Tu parais être quelqu'un de bien comme il faut, jeune homme. Et comme je te l'ai déjà dit, tu n'as pas l'air d'être plus fou que moi. Je dirais plutôt, et je suis même prête à le jurer que tu es quelqu'un de très intelligent, de très cultivé. Mais le reste m'échappe. (À suivre) Y. H.