Résumé : Philosophe sur les bords, l'artiste livre un véritable combat contre ses impulsions artistiques... Il est persuadé, qu'au fond de l'humain, se cache une force secrète, qui le pousse à chercher à se connaître davantage. Il confie aussi qu'à la fin de ses études, sa mère l'empressera de se marier, pour mettre fin à un long deuil. Il pousse un long soupir et poursuit : Mon grand-père avait quitté ce monde, alors que j'étais encore sur les bancs du lycée, puis mon père, qui fut fauché par un bus alors qu'il s'apprêtait à rejoindre son travail à Paris. Puis, mon jeune frère Saïd... Ce second garçon que ma mère mettra au monde alors que je faisais mes premiers pas à l'école du village... Saïd était tombé au champ d'honneur au maquis... Il s'était enrôlé dans les rangs des combattants, alors qu'il n'avait pas encore bouclé ses 17 ans... Ces coups de l'existence n'avaient pas épargné ma famille... Ma grand-mère qui vivait encore, n'était plus qu'une ombre qui rasait les murs de la maison en s'appuyant sur une canne... Elle cherchait dans chaque dalle, dans chaque encoignure de la maison, dans chaque grain de blé, un souvenir de la belle époque... Il faut dire aussi que la maison s'était vidée de ses habitants... Mes oncles et leurs familles s'étaient installés en ville, afin d'assurer, disaient-ils, l'avenir de leurs enfants et petits-enfants. Les cousins et cousines de ma génération étaient mariés, et vivaient chacun de leur côté, et même le bétail et les champs avaient été vendus. Ne restait donc de notre grande maison que la vieille bâtisse en pierre, la cour et le jardin potager que ma mère cultivait de temps à autre... Elle se désolait de se retrouver seule avec une vieille femme malade et impotente, alors que je pouvais remédier à leur isolement, en consentant à me marier et à revenir vivre au village... Hélas ! Ce ne sera pas le cas... Si je consentis à épouser ma cousine, et à accorder à ma mère ce moment de joie qu'elle attendait depuis longtemps, Fadhéla, qui vivait maintenant en ville avec sa famille, refuse catégoriquement de revenir vivre au village... Elle avait fait des études, et enseignait dans une école primaire... Une fois les lampions de la fête éteints, nous nous affrontons, tels deux adversaires coriaces, pour décider de l'avenir de notre mariage... Je devais rejoindre l'école des beaux-arts pour au moins 3 années... Je comptais revenir chaque week-end au village, où elle pourra enseigner et tenir compagnie à ma mère et à ma grand-mère... Mais elle refuse, et un conseil de famille sera nécessaire, pour remettre les pendules à l'heure... À peine unis, nous pensions déjà divorcer. Mais les oncles calmèrent les esprits et reprirent les rênes en main... Les anciens avaient officialisé ce mariage des années auparavant et nous n'avions pas le droit de souiller leur mémoire. En fin de compte, un des mes oncles trouvera la solution la plus logique à notre situation : nous pourrions nous installer en ville, à la seule condition d'emmener ma mère... Ma grand-mère, qui n'avait plus toutes sa tête, sera prise en charge par ce même oncle, qui vivait à Constantine... En un tour de main, nos bagages furent empaquetés... Ma mère versera de longues larmes d'amertume et de nostalgie... Elle n'admettait pas encore, qu'elle allait quitter la maison qui l'avait vue naître pour s'installer dans une grande ville, qu'elle ne connaissait que de nom... Mais je tins bon... C'était ça ou un divorce... Je prends les choses en main, pour louer un appartement... Fadhéla trouvera facilement un poste d'enseignante dans une école de quartier... Je ne travaillais pas encore, mais faisais de temps à autre quelques boulots lucratifs, qui me permettait de subvenir aux besoins de la famille et de payer le loyer... (À suivre) Y. H.