Le commerçant saisonnier souligne qu'il vaut mieux investir son temps dans une activité rentable que de rester à la maison sans occupation. Ramadhan à M'sila est souvent l'occasion pour les commerces de faire un chiffre d'affaires important. Certains en profitent pour commencer des travaux de restauration de leurs façades ou d'aménagement de leur intérieur, d'autres choisissent d'intensifier leur activité, à l'image des commerces de quartier. Toutefois, certains changent même les produits exposés pour vendre les denrées les plus demandées durant le mois sacré. Chaque année, ils sont nombreux à saisir l'occasion de cette période particulière de grande consommation pour s'adonner à des métiers occasionnels afin d'améliorer leurs revenus et lutter contre les affres du chômage. Ainsi, on voit pousser un peu partout dans les quartiers de nos villes et villages des points de vente spécialisés dans la vente de zalabia, diouls, galette, cherbet, viande, épices, lait sous toutes ses formes... Il s'avère même que les particuliers se mettent aussi à la vente et à la commercialisation de certains produits durant un mois. C'est le cas de Nouari, un retraité de l'enseignement, qui à chaque Ramadhan ouvre son garage pour vendre tous les produits que les Algériens affectionnent. Il était 15h lorsque le rideau du garage du domicile de Nouari fut levé, laissant sortir la saveur des préparations dans sa cuisine. Son fils aîné est déjà sur la voie publique en train de vendre aux passagers et aux usagers de la route les produits préparés par la famille dans la matinée. Après le dur labeur des préparatifs, le père de famille explique: "C'est ma femme qui en a eu l'idée ; on a pensé que cela nous ferait une bonne occupation pendant le mois sacré et en même temps c'est une bonne rentrée d'argent." Le commerçant saisonnier souligne qu'il vaut mieux investir son temps dans une activité rentable que de rester à la maison sans occupation. Il explique que ses filles mettent également la main à la pâte en aidant leur mère. "Dans le passé, le mari n'acceptait que les plats préparés par son épouse. Mais depuis quelques années, les choses ont changé. Au niveau culturel, il n'est plus inacceptable pour la femme d'acheter des plats déjà préparés car elle n'a plus le temps de le faire", dit-il. "Je souffrais auparavant car il me fallait passer des heures interminables dans la cuisine avant et pendant le Ramadhan. Mais, maintenant, ma table est composée surtout de plats achetés chez des commerçants du quartier", signale une cliente rencontrée sur les lieux. Le bouche à oreille fonctionne. Deux heures avant le f'tour, les clients affluent en masse et les étalages sont presque vides. Dans un autre quartier de M'sila, dès les premières lueurs de la matinée, Douadi, un étudiant qui vient de terminer ses examens de fin d'année au lycée, explique que malgré la fatigue durant toute l'année scolaire, il s'est senti obligé de sortir son chariot ambulant pour vendre des herbes au coin de la rue. Il confie que cette activité lui permet d'aider sa famille dans le besoin. Son copain, un jeune licencié au chômage, se livre à ce commerce occasionnel depuis quatre ans déjà. À l'approche du Ramadan, il loue un local et mobilise sa famille et ses amis pour la vente des fruits, boissons, flans, nougat, chamiya... Il raconte qu'après trois ans sans emploi, il a décidé de mettre fin à cette situation en cherchant un gagne-pain au gré des circonstances. Ils sont nombreux à mener le même train de vie. Ils affirment que même s'ils ont un diplôme supérieur, ils n'hésitent pas à faire un travail manuel pour combattre le chômage même si le travail est temporaire. Chabane BOUARISSA