Des dizaines de personnes ont manifesté hier à Tunis pour réclamer le droit de manger et de boire en public durant le Ramadhan, le mois de jeûne musulman, et pour protester contre l'arrestation des non-jeûneurs, une première en Tunisie. Aucune loi n'interdit de manger ou de boire en public pendant le Ramadhan en Tunisie mais le débat sur cette question revient chaque année. La Constitution tunisienne garantit "la liberté de croyance et de conscience" mais l'Etat est aussi décrit comme "gardien de la religion". À l'appel du mouvement "Mouch Bessif" ("pas contre notre volonté", en arabe), les manifestants se sont rassemblés au centre de Tunis criant notamment : "La liberté individuelle est garantie par la Constitution". "En quoi ça te dérange si tu jeûnes et si je mange ?", "Arrêtez les terroristes et laissez tranquilles les non-jeûneurs", "Non aux arrestations des non-jeûneurs", pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires. Début juin, quatre hommes avaient été arrêtés puis condamnés à un mois de prison pour "outrage public à la pudeur" après avoir mangé dans un jardin en plein Ramadhan. C'est la première fois qu'a lieu en Tunisie une manifestation avec une telle revendication. Depuis la révolution de 2011, des voix se sont élevées pour revendiquer le droit à ne pas jeûner mais cela n'avait jamais pris la forme d'une manifestation. En Tunisie, la plupart des cafés et restaurants ferment ainsi pendant la journée. Ceux qui restent ouverts le font discrètement. Durant les premiers jours du Ramadhan cette année, un prédicateur très médiatique s'était rendu dans des cafés ouverts pendant la journée pour filmer les clients et jeter l'opprobre sur eux, une intervention qui a été très critiquée sur les réseaux sociaux. R. I./Agences