Invité par l'association des diabétiques de la daïra d'El-Kseur, le maître de la chanson kabyle animera un gala artistique dans la soirée du 21 juin à la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. La polémique, suscitée par les déclarations de Lounis Aït Menguellet faites à sa sortie de son dernier gala à Tizi Ouzou, affirmant ne pas être "en odeur de sainteté avec les responsables de la culture de la wilaya de Béjaïa", ne cesse d'enfler sur la Toile, avec des critiques et des réactions parfois acerbes et trop exagérées. Afin de couper l'herbe sous le pied à ces polémistes qui sévissent sur les réseaux sociaux, les responsables de la culture à Béjaïa semblent avoir réussi à se rattraper. Pour preuve, Lounis Aït Menguellet chantera bel et bien durant ce mois de Ramadhan dans l'ancienne capitale des Hammadites. Invité officiellement par l'association des diabétiques de la daïra d'El-Kseur, le maître de la chanson kabyle animera un gala artistique dans la soirée du 21 juin à la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. C'est ce que nous a confirmé le directeur de cet établissement culturel, M. Lakhdar Araoune, qui se montre à la fois satisfait et très heureux de la programmation de ce grand chanteur kabyle pour ce mois sacré à Béjaïa. "Qui ne veut pas voir Lounis Aït Menguellet ?", s'interroge-t-il pour insinuer que personne n'est contre sa venue à Béjaïa. "Personnellement, j'aurais aimé le voir se produire au moins une fois par an dans notre wilaya", ajoute-t-il. Même son de cloche chez le directeur de wilaya par intérim de la culture, M. Djamel Benahmed, qui nous a déclaré que "Lounis Aït Menguellet est très respecté à Béjaïa, où il a d'ailleurs beaucoup d'amis. Il sera le bienvenu dans la région". Interrogé sur l'impact des propos tenus par le poète kabyle à la fin de son dernier gala de Tizi Ouzou, M. Benahmed se dit "très étonné" d'une telle sortie médiatique, avant d'ajouter que "personnellement, je n'ai jamais eu l'honneur et l'occasion de le connaître, mais c'est un chanteur que je respecte énormément". Notre interlocuteur, qui regrette de voir cette polémique provoquée par la déclaration d'Aït Menguellet perdurer, estime qu'il est temps de tourner la page et aller de l'avant. M. Benahmed, en sa qualité de premier responsable du secteur de la culture à Béjaïa, affirme avoir été chargé par le wali, M. Hattab, de veiller personnellement à la bonne organisation de ce grand gala artistique, qui se veut être un événement festif grandiose, à la hauteur de l'artiste, qui venait de fêter ses 50 ans de carrière. Selon M. Benahmed, qui a présidé, hier, une réunion préparatoire avec les différents intervenants, dont le directeur de la maison de la culture et les membres de l'association des diabétiques d'El-Kseur, le concert d'Aït Menguellet sera, cette fois-ci, payant, dont la recette sera versée à ladite association caritative. Combien coûtera le billet ? Notre interlocuteur soutient que "c'est aux membres de l'association initiatrice du gala de fixer le prix du ticket d'accès". De grands artistes à l'affiche Au-delà de ce gala du 21 juin, une autre grandiose soirée musicale est également programmée pour le 24 juin. Selon le directeur de la maison de la culture, ce rendez-vous artistique, qui coïncidera avec la commémoration du 19e anniversaire de la mort du chanteur Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998 sur la route de Béni Douala, verra la participation d'une brochette d'artistes de renom, dont Ouazib Mohand Ameziane, Kaci Boussaâd, Loualia Boussaâd, Boudjemâa Agraw, Abbas Naït R'zine, Idir Akfadou, Kaci Abdjaoui, Célina... Même le nom de Rabah Asma a été évoqué par le directeur de la culture qui tient, toutefois, à rappeler que la programmation et la gestion des spectacles ne font pas partie de ses prérogatives. "Cela relève exclusivement des gestionnaires des différents établissements culturels (Maison de la culture, TRB...)", a-t-il précisé. La contrainte budgétaire La contrainte budgétaire à laquelle sont soumis les établissements culturels, dans le sillage de la politique d'austérité que prône le gouvernement algérien depuis la chute du prix du pétrole, constitue un écueil non moins négligeable pour les gestionnaires du secteur. À titre illustratif, le budget alloué cette année au chapitre animation et spectacles de la Maison de la culture de Béjaïa ne dépasse pas les quatre millions de dinars. La part du lion de cette enveloppe financière, soit 380 millions de centimes, sera engloutie par le programme de ce mois sacré de Ramadhan, nous a fait savoir M. Araoune Lakhdar, nommé directeur de la maison de la culture Taos-Amrouche depuis le 23 novembre 2016. Quelle alternative face au recul des dotations budgétaires de l'Etat ? Notre interlocuteur expliquera que "contrairement aux théâtres régionaux qui ont un statut d'Epic, les maisons de la culture sont considérées comme des établissements publics à caractère administratif (EPA)". Ce qui laisse entendre que son établissement ne pourrait recourir à des activités lucratives, en dehors de la location de ses deux salles de spectacle. C'est dire que la diminution des budgets alloués par le ministère de tutelle se répercutera négativement sur le rendement et la qualité des activités culturelles et artistiques de ces établissements. Quid de l'organisation et de la gestion des spectacles ? La nouvelle approche de gestion des spectacles, mise en place par M. Araoune au lendemain de son investiture à la tête de la Maison de la culture de Béjaïa, ne semble pas être du goût des habitués des lieux. Elle consiste en la mise en œuvre de la procédure réglementaire d'adjudication qui permet de sous-traiter la gestion des spectacles par voie de soumissions. Ainsi, la gestion des spectacles durant le mois de Ramadhan en cours à la Maison de la culture de Béjaïa, a été confiée, selon M. Araoune, à l'Eurl Salhi Fen de Tizi Ouzou, une boîte de promotion de spectacles agréée par le ministère de la Culture, pour avoir été le moins-disant des soumissionnaires. Pour la bagatelle de 380 millions de centimes, cet organisateur de l'événementiel culturel aura à prendre en charge financièrement les cachets de pas moins de 56 chanteurs programmés pour ce mois de Ramadhan, la rétribution de l'orchestre, des animateurs, des techniciens..., sans compter les autres frais liés à l'organisation de la logistique. Ceci dit, M. Araoune regrette que cette méthode de travail, basée sur la légalité, la transparence et l'inspiration de la société, dérange certains concurrents à l'appétit vorace. Selon ce diplômé de l'Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques (INADC) de Bordj El-Kiffan (Alger), la mise en œuvre de cette procédure réglementaire a permis d'éliminer une boîte de production locale qui accaparait, des années durant, la gestion des spectacles de la Maison de la culture de Béjaïa. Ce qui a donné lieu à une campagne de dénigrement et de manipulation, notamment sur les réseaux sociaux, contre les nouveaux responsables du secteur de la culture dans cette wilaya, conclut M. Araoune. KAMEL OUHNIA