La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est alarmée, hier, des velléités exprimées par certains responsables d'aller vers un nouveau processus de privatisation des entreprises publiques au moment où l'Etat fait face à un effondrement des recettes tirées des exportations d'hydrocarbures. Louisa Hanoune, dans une allocution prononcée à l'ouverture de la réunion mensuelle du bureau politique de son parti, a, ainsi, répliqué directement, sans le citer nommément, au secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, qui, il y a quelques jours, avait prôné le retour aux privatisations pour renflouer les caisses de l'Etat qui se vident. "Devant la crise financière qui commence à s'installer, des voix officielles proposent des solutions, le moins que l'on puisse dire cruelles, à savoir le retour aux privatisations et le bradage dont on connaît le résultat avec la transformation d'entreprises publiques viables en dépôts de stockage", s'est-elle indignée. Elle a rappelé, dans sa lancée, le bilan jugé catastrophique des opérations de privatisation menées dans les années 90 et qui ont eu pour conséquence, dit-elle, le bradage de 1 500 sociétés publiques et la mise au chômage de 1,2 million de travailleurs. Tout en s'en prenant aux politiques d'austérité menées par le gouvernement ces dernières années pour contrer la crise, Mme Hanoune propose des alternatives faciles à mener "pour peu qu'il y ait de l'audace et du patriotisme" chez les décideurs. Selon elle, le gouvernement doit plutôt chercher les ressources financières dont il a besoin en recouvrant les dettes fiscales qu'il détient auprès des opérateurs économiques, tout en mettant un terme aux "cadeaux fiscaux octroyés aux oligarques". La SG du PT s'est également attaquée aux pertes financières provoquées par le déséquilibre de la balance commerciale avec l'Union européenne et qui se chiffrent à quelque 700 milliards de dinars. L'oratrice s'est, par ailleurs, offusquée de la baisse des transferts sociaux (moins 20 milliards de dinars) et des coupes budgétaires effectuées sur certains secteurs névralgiques, à l'image de la santé, de l'éducation nationale et l'enseignement supérieur. La situation financière très difficile que traversent les entreprises du bâtiment et des travaux publics constitue, selon Mme Hanoune, une véritable bombe à retardement qui risque d'exploser à tout moment. "Les entreprises du bâtiment n'ont pas perçu leur dû et la conséquence est que des milliers de travailleurs n'ont pas été payés depuis 3 ou 4 mois. La situation est grave. Il y a péril en la demeure", avertit-elle, rappelant que le secteur emploie plus d'un million de travailleurs. Le gouvernement conduit par Abdelmadjid Tebboune semble bénéficier d'une certaine indulgence auprès de la SG du PT qui affirme attendre de voir le contenu de son plan d'action et de la loi de finances 2018 avant de se prononcer, même si, tempère-t-elle, "il n'y a pas de véritables ruptures". En effet, des premières déclarations du Premier ministre à sa prise de fonction, elle retient surtout "de bonnes intentions", mais aussi "des contradictions". "Ça s'éclaircira avec la présentation de la loi de finances 2018", estime-t-elle, appelant le gouvernement à prendre des mesures d'apaisement en direction de la société en permettant, notamment, la liberté de manifester, à l'expression et à la grève. Commentant le dernier Conseil des ministres, tenu mercredi dernier et présidé par le chef de l'Etat, Louisa Hanoune a relevé que cette réunion au sommet a occulté une question fondamentale pour les citoyens, à savoir le droit à de véritables élections démocratiques et transparentes tel qu'énoncé dans la Constitution. Louisa Hanoune a, à l'occasion, salué la décision du président de la République de ne pas recourir à l'endettement extérieur pour renflouer les caisses de l'Etat. Hamid Saïdani