Au sein de la communauté algérienne à l'étranger, Abderrahmane Dahmane est connu pour son activisme tourné à la fois vers le pays d'origine que vers le pays d'accueil. Pour l'Algérie, il s'est notamment impliqué dans toutes les campagnes électorales depuis 1995. Dans l'émigration, il a notamment milité dans le mouvement SOS-Racisme et fondé une radio communautaire. En 2002, et face à la poussée de l'intégrisme, il a participé avec des militants de divers horizons politiques à la création du Conseil des démocrates musulmans de France. Une initiative destinée à lutter contre les amalgames à voir dans chaque musulman un terroriste potentiel. Cette énergie a valu à cet homme de 57 ans, originaire de Mecheria, de se rapprocher des milieux politiques officiels en France et une reconnaissance de Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l'Intérieur et des Finances qui a pris depuis peu les rênes de l'UMP, le parti fondé pour soutenir le président Jacques Chirac. En mai dernier, Sarkozy a décoré le militant des deux rives en le faisant chevalier de l'Ordre national du mérite. Jeudi, il l'a reçu pendant une heure et lui a proposé une fonction à la direction nationale de l'UMP. “Sarkozy m'a parlé de son souhait de donner un coup de pouce républicain à des gens d'origine étrangère pour leur permettre d'accéder à des postes qui leur sont, aujourd'hui, inaccessibles malgré leurs compétences. Il a également parlé de sa volonté d'aider l'Algérie à avoir des relations privilégiées avec l'Europe”, a expliqué M. Dahmane à Liberté. Deux arguments séduisants qui lui ont fourni l'occasion de souligner le retard de la droite française à promouvoir, à l'instar du Parti socialiste, les Français d'origine étrangère. La rencontre semble avoir tourné à une négociation qui a abouti à la création d'un secrétariat national chargé des relations avec les associations des Français issus de l'immigration. M. Dahmane a accepté d'en assumer la responsabilité. Deux autres personnes vont faire leur entrée au sein de l'exécutif. Il s'agit d'Ahmed Guenad, un chef d'entreprise, et de M'barek Kari, un juriste. M. Dahmane explique la confiance placée en lui par Sarkozy par sa relation personnelle qu'il a réussi à tisser avec celui qui se pose comme le principal concurrent de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 2007. “Il me connaît. Il sait que je ne suis pas un alimentaire et que je ne renie pas mes origines”, affirme-t-il. Priorité du nouveau secrétaire national qui va ainsi siéger dans les bureaux situés à la rue de La Boétie : mettre en place des délégués au sein de toutes les fédérations du parti. Un regret qui risque de garder le goût de l'amertume si les voies du palais de l'Elysée se fermaient devant Sarkozy. Y. K.