Les Français viennent d'élire un Parlement jeune, composé de beaucoup de femmes et de nouveaux venus dans la politique. La République En Marche (LREM, parti présidentiel) a obtenu la majorité absolue à l'Assemblée nationale française. Selon le décompte final des suffrages, le mouvement du président Emmanuel Macron et son allié le Modem du ministre de la Justice, François Bayrou, ont arraché environ 350 sièges à l'assemblée sur un total de 574. Cela dit, le raz-de-marée attendu n'a pas eu lieu. Un taux d'abstention très important de 57% a un peu biaisé les résultats de cette élection. La démobilisation a été encore plus importante qu'au premier tour. Cependant, pour les partisans du chef de l'Etat, le résultat définitif des législatives reste un succès indiscutable, une révolution pour certains, compte tenu du changement fondamental de la configuration de l'Assemblée. Le parti socialiste qui avait deux cents députés lors de la précédente législature a réussi à préserver une trentaine de sièges uniquement. Ce piètre score a d'ailleurs poussé le premier secrétaire de cette formation, Jean-Christophe Cambadelis (éliminé dès le premier tour), à annoncer sa démission aussitôt après la publication des résultats. À droite, les républicains, qui constituent désormais la principale force d'opposition au Parlement avec 130 sièges, doivent d'abord préserver leur cohésion. Réagissant aux résultats des élections, le chef de file du parti, François Baroin, a évoqué la grande famille de droite. Cette famille est pourtant aujourd'hui divisée entre les partisans du Premier ministre Edouard Philipe (ancien maire LR du Havre) et ceux qui refusent toute compromission avec les macronistes. Les premiers pensent même à créer une dissidence à l'Assemblée, favorable à la majorité présidentielle. Cette perspective devra affaiblir davantage l'opposition à l'action gouvernementale, surtout que le nombre de sièges obtenus par d'autres formations sont dérisoires. Le Front national de Marine Le Pen, qui était présent au second tour de la présidentielle, a eu 8 sièges. De son côté, la France insoumise de l'ex-candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a obtenu 27 sièges. Les Français ont donc depuis hier un Parlement flambant neuf. Après avoir élu un président jeune, sans véritable carrière politique et non partisan, les électeurs ont approuvé la formation d'une assemblée législative novice et jeune. La quasi-totalité des députés élus va franchir le seuil du Palais Bourbon pour la première fois. Un bon nombre provient de la société civile. Avant d'embrasser une carrière politique, la plupart des élus qui font partie de la majorité présidentielle par exemple étaient de parfaits inconnus. À l'opposé, de grands ténors de la politique ont dû céder la place. D'autres ont été disqualifiés à l'issue du second round. Parmi eux, Nadjet Vallau-Belkacem, Marisol Tourraine et Myriam El-Khomri, respectivement ex-ministres de l'Education, de la Santé et du Travail. Pour certains, il n'était même pas question de se présenter aux élections, tant le risque de se faire écraser était important. Sur le plan légal, la loi sur le non-cumul des mandats a aussi empêché beaucoup d'élus de briguer un nouveau mandat à l'assemblée. Une autre obligeant les partis à respecter le principe de la parité a permis à de nombreuses femmes de rejoindre le Parlement. Elles forment plus d'un tiers des effectifs. De Paris : Samia Lokmane-Khelil