C'est une Assemblée nationale profondément renouvelée qui a été élue dimanche soir au second tour des élections législatives. Sur 577 sièges, 432 élus le sont pour la première fois, avec un nombre record de femmes qui entrent dans la Chambre basse du Parlement. 223 femmes députées au total, cela constitue un record, cela représente 38,65% sur les bancs. Elles n'étaient que 155 en 2012. Cet apport féminin est surtout le fait du parti du président La République en Marche (LREM) qui avait voulu approcher au maximum de la parité. Parité et majorité, puisque le LREM (qui n'a même pas encore tenu son congrès constitutif) a raflé la majorité des sièges : 308 sur 577. A ce chiffre, il faut ajouter les 42 décrochés par son parti allié, le MoDem, soit 350 sièges. C'est beaucoup pour un jeune mouvement mais loin des chiffres qui circulaient entre les deux tours qui attribuaient au Président une majorité jusqu'à 440 sièges. En effet, la droite et le centre (parti Les Républicains et UDI) s'en sortent mieux que prévu avec 140 sièges, ce qui constituera un groupe parlementaire étoffé, même si cette mouvance politique perd la moitié de ses députés. La fin du parti socialiste A gauche, le Parti socialiste confirme sa déconfiture historique qui a conduit son premier secrétaire à annoncer, dimanche soir, son retrait de la direction du parti. Avec seulement 29 sièges, le PS est au plus bas qu'il ne l'a jamais été. Les commentateurs rejoignent les militants pour dire qu'il ne pourra pas renaître sous la même forme. Déjà, le candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, (qui a été éliminé aussi au premier tour des législatives), lancera son mouvement au début juillet, de même que la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui projette le sien. Dans cette déchirure, rien ne sera facile alors que nombre de personnalités de ce parti, dont des ministres, ont été battues. Certains dès le premier tour, d'autres au second, comme Marisol Touraine, ministre de la Santé, ou Najet Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, et surtout Myriam El Khomri, ministre du Travail, à qui on doit la loi tant décriée qui remet en cause certains acquis du code du travail. Cette chute est d'autant plus brutale que le nouveau pouvoir entend continuer cette politique qui a mis des millions de gens dans la rue en 2015 et 2016 et valu à la ministre la perte de son mandat. Une partie des voix de la gauche, habituellement fidèles au PS, est allée grossir l'escarcelle du parti à gauche de la gauche de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, qui disposera de 17 sièges. Mélenchon a réussi pour sa part son élection à Marseille. Le Parti communiste décroche 10 sièges. Ensemble, ils comptent porter la contradiction à la politique de Macron qu'ils jugent antisociale. Un autre candidat de la France insoumise porte cette contestation : François Ruffin. Le bloggeur et documentariste auteur de Merci patron ! a fait le tour de France autour de son film. Maintenant député, sa voix portera plus loin. Enfin, du côté du Front national, outre sa présidente Marine Le Pen, sept députés entrent au Palais Bourbon. Les thèses de l'extrême droite auront donc une tribune qu'elles n'ont jamais eue à ce niveau. Dans la précédente Assemblée, seuls deux députés FN siégeaient. Abstention : défiance marquée En dehors des comptes, un chiffre a marqué ce scrutin, celui de l'abstention. Elle a atteint un niveau record pour ce type d'élection avec seulement 42,6% des électeurs qui se sont rendus aux urnes dimanche, alors qu'ils étaient 49,7% au premier tour. 57,4% d'abstention, ce n'est plus de l'arithmétique mais un phénomène politique dont les analystes expliqueront la subtilité. Une telle aversion des électeurs est un signe que quelque chose ne fonctionne plus dans la démocratie française. On peut d'ores et déjà se demander si le fait que les candidats des partis traditionnels ont été écartés dès le premier tour, les électeurs ont eu du mal à se prononcer sur des nouveaux venus sur la scène politique et se sont refusés à trancher. Deuxième explication, la défiance vis-à-vis du programme économique et social d'Emmanuel Macron, dont les représentants étaient en lice dans une grande majorité de circonscriptions. En tout cas, le nouveau gouvernement aura du mal à ne pas en tenir compte. Certains disant que les non-votants sont les fers de lance d'une contestation naissante.