Bien que le président de la République Abdelaziz Bouteflika ait invité le gouvernement à éviter l'endettement extérieur, les partis de l'opposition ont exprimé leur crainte quant à un éventuel recours « forcé » à cette disposition. Et ce, en l'absence d'une nouvelle dynamique de production et une nouvelle politique industrielle, créatrice d'emploi et de richesse. C'est ce qui ressort des déclarations faites par les partis politiques, lors de la séance consacrée à l'installation des vice-présidents de l'Assemblée, des groupes parlementaires et des commissions parlementaires hier à l'Assemblée nationale populaire. Cette séance a précédé la présentation du plan d'action du gouvernement programmée dans la soirée. Le Parti des travailleurs (PT) s'est dit «soulagé» de l'opposition du président Bouteflika, exprimée en Conseil des ministres, de recourir à l'endettement extérieur, tout en qualifiant cette « décision d'importante » mais il demande plus de garantie pour un non-retour vers cette disposition. Selon Ramdane Taazibt, le Parti des travailleurs va lutter avec toutes ses forces pour abroger carrément cette disposition, et ce, pour ne plus tomber entre les griffes du Fonds monétaire international (FMI). D'autres partis de l'opposition ont exprimé par contre leur scepticisme quant au recours peut-être « forcé » à l'endettement extérieur. Nacer Hamdadouche du MSP a affirmé dans ce sens qu'on ira dans tous les cas de figure à l'endettement extérieur si on se contente à faire des promesses vagues et si le gouvernement ne revoit pas la politique industrielle, fiscale et économique, avec des objectifs bien précis. Car pour le député du MSP, «la crise n'est pas liée à la baisse de la fiscalité pétrolière, mais à la baisse de la production et à la crise due à la consommation accrue de l'énergie au niveau local ». Et d'affirmer même dans le cas où l'Algérie n'ira pas à l'endettement extérieur, la facture sera supportée par le citoyen, car le gouvernement n'aura pas une autre alternative que le recours à une politique d'austérité sévère. Lakhdar Benkhellaf, de l'Union Ennahda-Adala-Bina, était beaucoup plus sévère en affirmant que la décision du président de la République d'interdire le recours à l'endettement extérieur est une garantie interne. Et d'enchaîner : « Car il n'y a pas des organisations financières mondiales qui peuvent nous accorder des crédits, car nous n'avons pas des garanties actuellement rassurantes». Il explique : «Le problème n'est pas dans la décision prise par le président, mais dans la difficulté de trouver des pays étrangers ou des institutions financières qui acceptent d'accorder des crédits à l'Algérie, alors que le Fonds de régulation des recettes (FRR) s'est épuisé et les réserves de change n'ont qu'une durée de vie de 2 à 3 ans. » Il s'est interrogé : comment échapper à l'endettement extérieur, si dans le plan d'action du gouvernement aucun texte n'a été consacré à la promotion industrielle, un secteur qui permet la création de la valeur ajoutée et qui permettra de sortir de cette dépendance aux hydrocarbures. Les députés de l'opposition étaient unanimes pour affirmer que le plan d'action du gouvernement est du copier-coller des précédents gouvernements (gouvernement de Abdelmalek Sellal). Ils ont regretté le fait que ce document ne donne pas aux députés l'opportunité d'apprécier ou d'analyser car « il n'y a pas de chiffre, il n'y a pas de délai, il y a uniquement des intentions et des promesses vagues ». Pour le PT, il y a également des concepts nouveaux mentionnés dans le plan qui font peur. Il cite « les collectivités locales qui doivent se transformer en investisseur » ce qui entraînera automatiquement le retrait de l'Etat. Il y a aussi le « retour à la privatisation à travers le partenariat ». Et le manque de clarification par rapport au concept de « la fiscalité locale » notamment en ce qui concerne les communes pauvres. La liste des vice-présidents adoptée La liste des vice-présidents de l'APN comprenant neuf députés, à savoir Djamel Bouras, Mohamed Messaoudja, Abdelkader Hadjoudj, Laïb El Hadj, Boudjemaa Terchi, Amine Senouci, Fouzia Bensahnoune, Ismaïl Mimoune et Mohamed Abi Ismaïl. Ces députés sont issus des groupes parlementaires, à savoir le groupe du parti du Front de libération nationale (FLN), le groupe du Rassemblement national démocratique (RND), le groupe de l'Alliance du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le groupe parlementaire des indépendants.