"Le départ du président Bachar al-Assad du pouvoir n'est plus un préalable pour la France", a indiqué jeudi Emmanuel Macron marquant ainsi la rupture avec ses prédécesseurs qui le mettaient sur le tapis dans le règlement de la crise syrienne. "Je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar était un préalable à tout. Car personne ne m'a présenté son successeur légitime", a expliqué le président français dans une interview accordée à 8 quotidiens européens, dont Le Figaro. Ce qui laisse indiquer que Paris, longtemps en première ligne pour exiger le départ du président syrien, a changé de ton et évolué dans le dossier et devient "plus réaliste", selon de nombreux analystes, notamment, relèvent-ils, depuis la dernière rencontre, le 29 mai dernier à Paris, du président français avec Vladimir Poutine. Lors de la conférence de presse qui s'en est suivie, Emmanuel Macron avait déjà donné le ton en proposant avec son homologue russe la transition démocratique en Syrie, en préservant un Etat Syrien, car, avait-il soutenu, "dans la région, les Etats en faillite sont une menace pour nos démocraties. Sur ce sujet, ma conviction profonde est qu'il faut une feuille de route diplomatique et politique", a insisté le président français dans son interview, soulignant que la priorité une est la lutte absolue contre tous les groupes terroristes et le maintien de l'intégrité territoriale de la Syrie. Au cours du point de presse de jeudi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rappelé que la France est convaincue que la mise en place d'une transition démocratique négociée est indispensable pour mettre un terme au conflit syrien, vaincre le terrorisme et assurer le retour volontaire et durable des réfugiés et des déplacés internes. Par ailleurs, Emmanuel Macron a estimé que la France a eu raison de ne pas faire la guerre en Irak, et tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Qualifié de realpolitik, ce changement de ton de Paris, sous Macron, signifie, selon des observateurs politiques, la fin du manque de réalisme de la diplomatie française dans ce dossier précis, même si l'opposition syrienne installée en France a qualifié ce revirement de surprenant. R. I./Agences