Nombres d'observateurs s'interrogeaient sur le pourquoi de l'amputation du ministère de l'Energie par la composante ENR, d'autant qu'initialement c'est Sonatrach qui était chargée de concrétiser le plan en question. Décidément, le dossier des énergies renouvelables (ENR) n'est pas près de sortir des ténèbres. En effet, la nouvelle ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Fatma-Zohra Zerouati, a annoncé, lundi 6 juin, à Alger, en marge de l'inauguration du nouveau siège de l'AND (Agence nationale des déchets), qu'"une nouvelle stratégie en matière d'énergies renouvelables sera élaborée en tenant compte, sur orientations du Premier ministre, des défis qui se posent à l'Algérie, d'une part, et de la conjoncture économique qui impose ce type d'énergie pour le développement d'une économie alternative, d'autre part". Exit donc le programme ambitieux pour le développement des énergies renouvelables qui a été adopté par le gouvernement en février 2011 et révisé en mai 2015. Ce programme des énergies renouvelables actualisé consiste à installer une puissance d'origine renouvelable de l'ordre de 22 000 MW à l'horizon 2030 pour le marché national, avec le maintien de l'option de l'exportation comme objectif stratégique, si les conditions du marché le permettent. "La stratégie de l'Algérie en la matière vise à développer une véritable industrie des énergies renouvelables associée à un programme de formation et de capitalisation des connaissances, qui permettra, à terme, d'employer le génie local algérien, notamment en matière d'engineering et de management de projets" (Programme national des énergies nouvelles et renouvelables). La nouvelle ministre ne s'arrête pas en si bon chemin, elle ajoute pour appuyer son propos que la priorité sera accordée au Sud, au vu du potentiel énorme qu'il offre dans ce domaine et que des consultations sont en cours entre son ministère et des experts pour l'étude de cette stratégie qui englobe tous les secteurs. On s'étonne de la célérité avec laquelle la responsabilité de ce dossier semble être "transférée" à cette nouvelle structure mais aussi du peu de nuance dans les propos pour balayer une démarche officielle maintes fois réaffirmée. Sauf à penser que bien avant la formation de ce nouveau gouvernement, les directions en charge au ministère de l'Energie ont été dessaisies de cette mission, les propos de la nouvelle ministre laissent pantois. Le voile commence-t-il à se lever ? Dans cette rubrique, nous étions parmi ceux qui ont émis des interrogations sur la séparation des énergies renouvelables (ENR) du ministère de l'Energie et des Mines (MEN). Pour des raisons qui tiennent à la fois de l'existence d'un plan de promotion de ces nouvelles énergies, chiffré avec des échéances et piloté essentiellement par les entreprises publiques Sonelgaz et Sonatrach qui sont sous tutelle du MEN, du potentiel des ressources humaines et expériences de ce département, de son poids dans la vie économique du pays et de la nécessaire cohérence pour la construction d'un bouquet énergétique viable et diversifié pour le pays. À ce sujet, des appels d'offres pour 4017 gigawatts devaient être lancés en janvier dernier (phase de consolidation du plan, la première "expérimentation" étant supposée achevée). Ces appels ont été reportés, une première fois sur intervention de l'Union européenne (problème de cahiers des charges), puis, semble-t-il, à cause d'une lutte acharnée au sein du gouvernement entre les partisans de la préférence française et celle américaine (constitution de sociétés mixtes pour capter une partie des 4 milliards de dollars) sans compter le mécontentement exprimé par les Allemands dont le sujet, selon la presse allemande, devait être abordé lors de la visite annulée de Mme Merkel au premier trimestre de l'année en cours. Le limogeage de l'ex-patron de Sonatrach (M. Mazouzi) dans la même période ne serait pas étranger à ce "remue-ménage". Depuis, l'affaire paraissait gelée, médiatiquement pour le moins, dans la mesure où Bouchouareb (Industrie) et Bouterfa (Energie), les têtes de pont de cette "bagarre", ont brutalement cessé d'aborder le sujet. Cela n'a pas sauvé leur tête, puisqu'ils ont été débarqués tous les deux du nouveau gouvernement. Nombre d'observateurs s'interrogeaient sur le pourquoi de l'amputation du ministère de l'Energie de la composante ENR, d'autant qu'initialement c'est Sonatrach qui était chargée de concrétiser le plan en question. En tout cas, si ce chamboulement (révision du plan) annoncé par la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables voit le jour, c'est toute la crédibilité des incessants lobbyings effectués par l'administration et la diplomatie algériennes qui prendraient encore un coup. Une chose est sûre, les appétits ouverts par la priorisation du secteur des ENR annoncée par le chef de l'Etat ne sont certainement pas étrangers à de tels va-et-vient. En attendant, le monde des ENR avance sans nous. R. S.