Après avoir évité le pire lors des examens du baccalauréat, le secteur de l'Education nationale est confronté à une nouvelle crise, et non des moindres, car il s'agit du concours des enseignants, qui a eu lieu jeudi dernier. Ainsi, des fuites de sujets, notamment en informatique, en arabe et en français, ont été divulguées sur les réseaux sociaux, et ce, dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon plusieurs sources concordantes, des pages facebook ont mis en ligne vers 2h45 du matin les sujets d'informatique. D'ailleurs, et de l'aveu de certains candidats, ces fuites ont été distillées de "manière furtive". "C'est par le plus grand des hasards que je suis tombée sur ces sujets, sans vraiment y prêter attention", affirme une candidate de Bouira, ajoutant que "le sujet de langue arabe a fuité pendant plus d'une heure, avant d'être retiré". Ces pages facebook ont immédiatement été supprimées. Jeudi matin, personne ne voulait croire que ces sujets ont fuité et les candidats eux-mêmes évoquaient une "vaste supercherie". Or, malheureusement, les sujets proposés aux candidats étaient identiques à ceux publiés quelques heures plus tôt. D'ailleurs, la nouvelle n'a pas tardé à faire le tour des centres d'examen. Mais il était trop tard pour changer les sujets. Le mal était déjà fait. "Je n'en ai pas cru mes yeux en découvrant le sujet d'informatique. C'était exactement le même partagé sur les réseaux sociaux. J'ai fini au bout de 20 minutes", déclare un autre candidat. Cependant, et contrairement aux fuites du baccalauréat 2016 où les sites de "leak" avaient fleuri sur la Toile et pour une durée assez longue, pour ceux du concours de jeudi, deux ou trois pages seraient mises en cause et elles ont mis en ligne ces sujets pour un laps de temps très court, laissant le "bouche à oreille" et les partages faire le reste. Le secrétaire général du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), Meziane Meriane, s'est dit "consterné" par cette nouvelle affaire. "On est en train de vivre quelque chose de très grave !", s'est-il exclamé. Et de poursuivre : "Nous, au Cnapeste, nous assimilons le phénome de la triche à celui de la drogue et nous préconisons des mesures drastiques." Pour ce syndicaliste, ces fuites sont le résultat d'un "laisser-aller" et d'une "volonté de détruire ce qui reste de l'éducation nationale", a-t-il fait remarquer. M. Meriane fait le lien entre ces fuites et la cybercriminalité. "Pour nous, les personnes qui sont derrière ces fuites sont à ranger aux côtés des cybercriminels et il faut les pourchasser en tant que tels", arguant que "le gouvernement ou le département de Benghabrit ne sont pas les uniques responsables de cette catastrophe. Les services de sécurité doivent agir en conséquence, car, je le répète, la situation est extrêmement grave". À la question de savoir si, à ses yeux, ce concours devrait être invalidé, notre interlocuteur dira : "Cela ne servirait à rien, car si on ne fait rien, on aura le même scénario. À mon sens, la correction devra être drastique, et je vous parle en connaissance de cause, on pourra débusquer les tricheurs." À titre de rappel, plus de 700 000 candidats étaient inscrits au concours pour décrocher un poste d'enseignant parmi les 10 009 postes ouverts dans différentes spécialités dans les cycles moyen et secondaire. RAMDANE B.