Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, s'est entretenu hier à Istanbul, en Turquie, avec le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Mohamed Barkindo, en marge de la tenue du 22e congrès mondial du pétrole. Les deux parties ont abordé l'évolution des marchés pétroliers et le niveau de conformité observé dans la mise en œuvre de l'accord de baisse de la production pétrolière signé, début décembre 2016, entre l'Opep et onze pays hors Opep. Les deux responsables se déclarent "satisfaits" quant à l'engagement des pays Opep et non-Opep de se conformer pleinement aux ajustements respectifs de production en vue de faire remonter les cours de l'or noir. Elles ont, par ailleurs, évoqué l'agenda des travaux de la prochaine réunion du Comité ministériel (JMMC) de suivi de l'application de cet accord. Le JMMC veille au respect de l'accord, mais aussi formule des propositions sur les actions à prendre face à d'éventuels changements dans le marché mondial du pétrole. L'accord en question a été prorogé de neuf mois jusqu'à fin mars 2018. Il l'a été en mai dernier à la faveur d'une conférence ordinaire de l'Opep. Il prévoit une diminution de l'offre pétrolière de 1,8 million de barils/jour. Le ministre de l'Energie et le secrétaire général de l'Opep ne sont pas les seuls à regarder l'avenir avec optimisme. Amin H. Nasser, le président de la puissante Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne, se dit également confiant quant à l'évolution du marché de l'énergie, estimant que le fossile a encore de l'avenir. Ainsi, Amin H. Nasser a déclaré, à l'occasion des débats du Congrès d'Istanbul, que "le monde aura encore besoin de pétrole et de gaz pendant des décennies", et ce, malgré le développement des véhicules électriques et de la montée en puissance des énergies renouvelables. Pour donner plus de consistance à ses arguments, il a souligné que "la hausse de la demande" énergétique pour toutes les sources d'énergie, avec le pétrole et le gaz au cœur du mix-énergétique, sera "une réalité" pour encore des décennies. Dans son intervention, le président d'Aramco voulait aller à l'encontre des idées reçues, dénonçant "la croyance croissante que le monde peut prématurément se passer de ressources fiables et prouvées comme le pétrole et le gaz". Prévoyant une hausse attendue de la demande d'énergie, notamment dans les pays émergents, Amin Nasser a, par ailleurs, jugé le niveau des pertes sur les investissements dans le secteur des hydrocarbures "de plus en plus inquiétant". Et des chiffres, il en a avancé. Ainsi, selon lui, environ 1 000 milliards de dollars d'investissements ont déjà été perdus depuis la chute des prix du pétrole depuis la mi-2014. Aramco n'aura pas été épargnée par la chute pétrolière. Mais elle semble tenir bon. Pour le moment du moins. Selon son président, Saudi Aramco prévoit d'investir 300 milliards de dollars dans les prochaines années pour renforcer ses positions dans le pétrole et le gaz, même si la compagnie, dont une partie du capital sera ouverte l'an prochain, compte investir dans des technologies comme le solaire ou la capture et le stockage de carbone. Amin Nasser sait pourquoi il faut investir davantage aujourd'hui plus que jamais. Il a d'ailleurs fait cette déclaration : "Sans un haut niveau d'investissement, la transition et la sécurité énergétique pourraient être compromises." Voilà qui est clair et net. Youcef Salami