Le premier magistrat de la wilaya de Béjaïa a été interpellé sur la prérogative du premier responsable du port à bloquer le déchargement des équipements industriels de Cevital. La session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Béjaïa, qui s'est clôturée jeudi, s'est penchée, au deuxième jour, sur l'état des investissements économiques dans la région. Et, comme il fallait s'y attendre, le cas des blocages par la direction générale du port de Béjaïa des équipements industriels importés par le groupe Cevital et destinés à son unité de trituration de graines oléagineuses ont polarisé les débats de la plénière de l'Assemblée, après les lectures des rapports de la direction des mines et des investissements de la wilaya et de la commission sur développement local de l'APW, sur l'état des lieux des investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa. Les interventions des élus ont été toutes, avons-nous relevé, en faveur du déblocage du projet du groupe Cevital, porteur de richesses et créateur de postes d'emploi. Le groupe APW du RCD était de loin le plus offensif sur ce dossier ainsi que sur tous les projets structurants dont le rythme d'évolution est ralenti ainsi que ceux inscrits mais non lancés, tels que le complexe pétrochimique, le CHU... "Le groupe APW du RCD constate un acharnement contre toutes les forces vives de notre wilaya dans le domaine économique pour la rendre peu attractive, voire répulsive aux investisseurs. À défaut d'attirer les investisseurs d'autres wilayas ou étrangers, notre région perd ses propres hommes d'affaires qui cherchent ailleurs un climat plus clément. Le cas particulier du groupe Cevital est édifiant à plus d'un titre. En effet, pour compléter le processus d'exploitation et de raffinage des huiles végétales dont l'entreprise a capitalisé une expérience de plus de 25 années couronnées de succès, avec un taux de parts du marché de 65%, le groupe Cevital a prévu de longue date d'acquérir et d'installer une unité de trituration de graines oléagineuses d'une capacité de 1000 t/j et la création d'un millier d'emplois directs", déclare un élu du RCD, M. Deboub, avant d'interpeller le wali pour donner des éclaircissements sur le cas du blocage des équipements de ce groupe par l'EPB. Et de révéler que "nous avons appris avec stupéfaction que l'enquête commodo incommodo, dont l'arrêté d'ouverture est signé par l'ex-wali, a été annulé sur injonction de cercles occultes." Un autre élu du RCD, Saou Rachid, intervient pour, en s'appuyant sur les chiffres du rapport de l'administration sur la situation de l'investissement dans la wilaya, relever que les 1 182 projets d'investissement inscrits pour l'année en cours, seuls quatre projets sont opérationnels. "Il y a un sabotage économique caractérisé de notre région. Les opérateurs économiques sont découragés pour diverses raisons. Le cas de Cevital est à juste titre édifiant", déclare cet intervenant avant de lâcher que "le P-DG du port fait dans la diversion par ses multiples déclarations. Certes, il a préservé son poste mais il a renvoyé plus d'un millier de postes de travail". Et d'interroger le wali si le directeur du port est habilité à bloquer l'accostage et le déchargement des navires transportant les équipements nécessaires à cette usine sous prétexte qu'il doit savoir le contenu de ces équipements et surtout leur destination. Si certains intervenants se sont abstenus d'aborder le problème, il n'en demeure pas moins qu'aucune voix ne s'est déclarée pour ce blocage avéré du projet du groupe Cevital. Ils ont axé leurs interventions sur la situation déplorable des zones d'activité et des deux zones industrielles et sur le sort réservé aux projets structurants inscrits tels que le CHU et le complexe pétrochimique. À noter que les réponses du wali aux questions soulevées par les élus ont été évasives. Le wali a surtout éludé les questions des élus relatives aux éclaircissements sur l'affaire de Cevital, notamment sur les prérogatives du P-DG du port à bloquer les équipements de ce groupe. À noter que les contenus des rapports de la direction des mines et des investissements et de la commission de l'APW sur le développement local et sur la situation des investissements dans la région sont aux antipodes l'un de l'autre. Les élus du FFS, qui se sont imprégnés du dossier, après s'être informés auprès de la direction de Cevital, ont abondé dans le sens des conclusions rendues par le parti sur cette affaire. "Elle doit être réglée dans le cadre du respect des lois. Le groupe Cevital s'est engagé par écrit à décharger ses équipements et à les transférer dans un terrain privé. L'EPB n'a plus de raison de bloquer les équipements de ce groupe", a déclaré un élu du FFS, tout en apportant son soutien aux travailleurs de Cevital. "J'aurais aimé que d'autres opérateurs économiques comme le groupe Cevital viennent investir dans notre wilaya. J'ai fait partie des élus qui ont répondu à l'invitation de la direction de Cevital pour nous imprégner de la situation. C'est un problème qui donne un mauvais signal pour les autres investisseurs", déclare M. Hassan, élu dissident du FFS. K. Natouri, autre élu du FFS, estime que "maintenant que le patron de Cevital s'est engagé à évacuer ses équipements du port, il n'y a plus de raison de continuer à le bloquer. Partant de là, pas de blocage politique pour exercer un embargo économique sur notre région." L. OUBIRA