Les spécialistes de l'acte de bâtir préconisent la création d'un groupement d'entreprises nationales dans le gros œuvre. Dans son récent discours aux cadres de la nation, le président de la République a expliqué expressément l'incapacité des entreprises algériennes à réaliser des programmes de logements dans les délais qui leur sont impartis. Chacune des 250 grandes entreprises recensées par le ministère de l'Habitat aura un quota de 4 000 logements à édifier en 5 ans en gros œuvre. L'idéal pour le Collège national des experts architectes algériens (Cnea), c'est de créer un groupement d'entreprises pour la spécialité du gros œuvre. L'objectif : créer une synergie de groupe et la maîtriser de bout en bout. Néanmoins, il faut des mesures particulières dans la gestion administrative et financière du projet de un million de logements. La bureaucratie et les lenteurs vis-à-vis des acteurs sur le terrain sont, estime M. Abdelhamid Boudaoud, président du Cnea, deux contraintes à éviter impérativement. Ces acteurs ont besoin de travailler dans des conditions où les retards n'ont pas droit de cité, notamment pour le traitement des dossiers et des situations inhérentes à chaque unité du projet. Il est question de la disponibilité de la matière première. “La plus grande erreur est de démarrer le projet sans avoir fait de prévisions sur cette disponibilité car tout retard ou tout manque peut avoir des conséquences redoutables sur toute la chaîne du projet”, prévient le docteur-architecte M. Boudaoud. Il s'agit, selon lui, du parc roulant, des carrières de sable et de gravier, le ciment, l'acier et surtout l'eau… paramètres à mettre à la disposition des unités. Sur un autre registre, les entreprises algériennes doivent être dotées d'une grande compétence dans l'ingénierie, la méthodologie, la logistique et surtout avoir une main-d'œuvre qualifiée. Il faut noter qu'un problème et non des moindres vient d'être résolu. En effet, la ressource financière ne manque pas. Les pouvoirs publics ont dégagé une enveloppe conséquente. Au niveau politique, il y a une volonté de bien faire. Cependant, elle doit être accompagnée par un programme d'action des plus rigoureux. Ainsi, il est indispensable d'associer la commune, cœur du problème. “La collectivité locale a le devoir de recenser des besoins sur le court, moyen et long terme pour une utilisation optimale du projet. L'implication de la collectivité locale permet une répartition géographique rationnelle du projet ainsi que la possibilité de projections futures. Il en est ainsi pour les opérations de réhabilitation du patrimoine vétuste. Il s'agit de rationaliser au plus près le projet et faire en sorte que le matériau en surplus soit versé dans des opérations de réhabilitation sur le tas et conformément au recensement établi par la collectivité locale”, suggèrera le premier responsable du Collège des architectes. Réhabiliter l'habitat ancien, dans des conditions socialement satisfaisantes, est également un autre atout dont dispose l'Etat pour résorber un tant soit peu la crise du logement. À ce propos, le Cnea propose la création d'une véritable autorité à même de gérer le projet de réhabilitation et d'en garantir le suivi et sa maîtrise jusqu'à son achèvement. Les responsables en charge de ce projet auront ainsi un état des lieux quasi quotidien et suivront l'évolution des données, l'avancement de chaque projet sur l'ensemble du territoire national et pourront être en contact en permanence avec les BET (bureaux d'études). Mieux, les entreprises, elles-mêmes, pourront être fixées aussi bien sur leurs performances éventuelles et leurs retraits que sur les différentes contraintes quotidiennes auxquelles elles seront confrontées en matière d'approvisionnement en main-d'œuvre qualifiée et de recouvrement. Le collège suggère, par ailleurs, la mise en place d'une “unité d'affaires” conçue dans le but de maîtriser les coûts et de faire en sorte qu'ils soient méthodiquement répartis et utilisés. B. K.