De nombreux syndicalistes admettent que le SG de l'UGTA doit tirer les conclusions et assumer son soutien au président du FCE qui n'est guère apprécié par la base syndicale. Si le communiqué du secrétariat de l'UGTA d'avant-hier est considéré comme une sorte de mea-culpa destiné à apaiser la tension et surtout à recadrer l'organisation vis-à-vis des hautes institutions de l'Etat, il n'en demeure pas moins que sur le plan éthique et sur la forme, il continue de susciter incompréhensions et interrogations. Non seulement parce que le communiqué est signé par le responsable de l'organique, Tayeb Hmarnia, mais également parce que le document a été rédigé lors d'une réunion regroupant six membres du secrétariat de l'UGTA, y compris Sidi-Saïd lui-même. Reste à savoir pourquoi Sidi-Saïd, présent à cette rencontre, n'a pas lui-même signé le communiqué comme il a l'habitude de le faire surtout s'agissant d'un document qui rappelle le soutien de l'organisation au président de la République. Autre interrogation : sur les 13 membres du secrétariat recensés, seuls six ont assisté à cette réunion qui s'est déroulée à la Maison du Peuple. Par ailleurs, le communiqué qui ne fait aucune allusion ni au Premier ministre ni au FCE laisse penser que Sidi-Saïd, qui disposait encore du large soutien de certaines structures syndicales, commence à être isolé au sein même de son propre secrétariat. Et c'est le responsable de l'organique, membre du comité central du FLN, qui s'affiche déjà comme l'homme fort de l'organisation. De nombreux syndicalistes admettent que Sidi-Saïd a fait ce qu'il a pu, mais il doit tirer les conclusions et assumer son geste de soutien au président du FCE qui n'est guère apprécié par la base syndicale. De son côté, le secrétaire général de l'UGTA, Abdemadjid Sidi-Saïd, joint hier par téléphone, dément l'existence de toute dissension au sein du secrétariat national de l'UGTA, précisant que les membres de cette instance ont, à travers le communiqué d'avant-hier, "renouvelé leur confiance à la direction nationale, à sa tête le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, militant sincère". M. Sidi-Saïd assure que son organisation se porte bien et que le secrétariat national continue de fonctionner comme à son habitude. "Aucun problème n'existe chez les membres", a-t-il souligné. Par ailleurs, on a appris hier que les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba sont montés au créneau pour exiger une réunion extraordinaire de la Commission exécutive nationale (CEN) de l'UGTA à l'effet de demander des comptes à tous les membres du secrétariat de l'UGTA sans exception, leur reprochant "d'avoir tous trahi les idéaux et les principes de l'organisation". Commentant la dernière sortie de Sidi- Saïd et le communiqué du secrétariat de l'UGTA, Messaoudi Mokdad, secrétaire général de l'union locale UGTA, nous a affirmé, hier, qu'il renvoie la balle à "tous ceux qui ont tissé l'organisation et le déroulement du dernier congrès de l'UGTA" et qui se sont tus devant "les provocations faites depuis longtemps par le patronat lorsque celui-ci exigeait la privatisation de toutes les entreprises et l'instauration d'une retraite à 65 ans". M. Messaoudi, qui ne mâche pas ses mots, s'étonne "du brusque redéploiement de certains responsables de l'UGTA qui veulent mettre à profit cette conjoncture pour se positionner alors qu'ils sont comptables à part entière de la gabegie à laquelle est arrivée aujourd'hui l'organisation", précise-t-il. Et de s'interroger : "Où étaient ces responsables lorsque le président du FCE exigeait la privatisation de toutes les entreprises publiques tout en refusant l'établissement de convention de travail dans le secteur privé et au sein même de sa propre entreprise ?" M. Messaoudi met au défi les membres du secrétariat de présenter un bilan d'activités de leur département ou un simple procès-verbal de leurs rencontres avec les structures syndicales. "Ils sont toujours absents et certains membres du secrétariat n'ont jamais remis les pieds depuis leur installation et d'autres ont tout le temps brillé par leur absence." Nous considérons de telles attitudes comme une caution apportée à tout ce qui a été entrepris et décidé jusqu'ici contre la volonté des travailleurs et de leurs représentants, affirme M. Messaoudi. M. T.