Les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba menacent de sortir dans la rue au cas où les pouvoirs publics et la Centrale syndicale persisteraient à afficher leur silence face aux menaces ouvertes de privatisation du secteur public annoncées par des responsables du patronat. S'exprimant lors d'une réunion tenue hier au siège de l'union locale ayant regroupé les cadres syndicaux de la zone industrielle, M. Messaoudi, secrétaire général de l'union locale, s'en est pris au FCE et à "certaines parties occultes" qui aspirent, selon lui, à accaparer les richesses et les commandes du pays. "Nous ne savons pas qui décide dans ce pays car nous constatons qu'il y a deux discours contradictoires, l'un prône la sauvegarde du secteur public, l'autre affiche un silence obscur sur les menaces qui pèsent sur ce même secteur public", s'interroge le même responsable. Et d'ajouter : "Au moment où on demande aux travailleurs de se préparer à se serrer la ceinture, on assiste, ces derniers jours, à une offensive sans précédent des tenants du capital privé qui veulent s'approprier les richesses et les commandes du pays en annonçant, sans aucun démenti des pouvoirs publics ni de la centrale syndicale, que tous les secteurs sont éligibles à la privatisation." M. Messaoudi souligne que la base syndicale n'est pas contre le privé qui crée la richesse et les emplois tout en respectant les lois de la République, mais contre ces vautours qui rôdent autour des entreprises publiques comme cela a été le cas dans les années 90 où des centaines d'entreprises bénéficiaires ont été dissoutes et des milliers de travailleurs licenciés, précisera-t-il. M. Messaoudi dénonce le complot qui se trame contre certaines entreprises comme Air Algérie et la SNVI. "Nous sommes solidaires avec notre compagnie aérienne objet d'une campagne de dénigrement orchestrée ces derniers jours pour permettre l'ouverture du secteur au privé, c'est pourquoi nous affirmons que la souveraineté nationale sur l'espace aérien algérien est un gage de sécurité nationale qui ne saurait être sacrifié sur l'autel de l'argent au profit des multinationales." Les mêmes menaces pèsent sur la SNVI qui, elle aussi, fait l'objet d'un complot bien qu'elle ait été soutenue ces dernières années par les pouvoirs publics, estime M. Messaoudi. "Cette entreprise est bloquée depuis 11 mois à cause de la non-application d'une décision du CPE datée du 6/11/2014 qui instruit le ministre des Transports et celui des Finances à lever le blocage de la pièce de rechange entreposée dans le port d'Alger." L'orateur, qui exhibe le document signé par le Premier ministre, s'interroge sur cette bureaucratie qui, selon lui, épargne curieusement les entreprises privées et étrangères concurrentes de la SNVI. M. Messaoudi met au défi les responsables du FCE à lui présenter une convention collective d'entreprise ou un procès-verbal de création d'un comité de participation. "Comment peut-on faire confiance à des entreprises qui ne respectent pas les lois de la République notamment la législation de travail ?", se demande le responsable de l'union locale qui enchaîne sur les dernières décisions de la tripartite. "Nous rappelons que le patronat privé est, depuis plusieurs années, celui qui bénéficie le plus des différentes tripartites avec les facilités financières et fiscales dont il a bénéficié sans aucune retombée réelle sur l'économie nationale ou l'emploi et encore moins le droit du travail", renchérit M. Messaoudi. "Il ne faut pas s'étonner dans ce cas que l'industrie, qui représentait 16% du produit intérieur brut, n'en représente aujourd'hui que 4% parce qu'on s'est acharné à détruire le tissu industriel productif en le remplaçant par des réseaux articulés autour de l'import-export. Une politique qui a fait qu'en 2014, la valeur des importations dépasse le montant global des recettes externes du pays", affirment les syndicalistes de Rouiba dans une déclaration votée hier par les participants à cette rencontre. Les syndicalistes n'ont pas ménagé la centrale syndicale, notamment les membres de l'ex-secrétariat, les accusant de se préoccuper de licencier, comme en des temps révolus, des cadres syndicalistes pour le seul tort qu'ils se sont portés candidats au secrétariat de l'UGTA, et ce, au moment où des menaces sont proférées contre le secteur public. "Comment peut-on licencier un membre du secrétariat national et un cadre syndical à la veille de la tenue de la CEN ?", s'est-il demandé et d'ajouter : "Nous sommes solidaires avec les deux syndicalistes et nous demandons la levée de leurs suspensions arbitraires que tout le monde sait qu'elles ont été décidées pour des considérations et des calculs purement électoraux." M. Messaoudi ménage, toutefois, Sidi-Saïd et accuse son entourage de prendre des décisions qui portent un grand préjudice à l'UGTA de Aïssat Idir. "Sinon comment expliquer que le code du travail, qui consacre la précarité de l'emploi et dépouille les travailleurs de leurs droits les plus élémentaires, a été passé sous silence lors du dernier congrès de l'UGTA de même pour le 87 bis dont on ne sait pas encore s'il a été abrogé ou redéfini ?", s'est-il interrogé. Les syndicalistes, visiblement très déçus par la centrale syndicale, semblent déterminés à ne pas se laisser faire. "L'UGTA n'est la propriété de personne, l'UGTA ce sont les travailleurs, l'UGTA c'est nous", ont scandé hier les syndicalistes à l'issue de cette réunion. M. T.