Le gouvernement sera, à l'avenir, plus regardant sur l'emploi créé, la sous-traitance et l'exportation, selon le ministre de l'Industrie. "Nous ne sommes pas en train de bloquer les gens." C'est par cette formule que le ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, a tenté de rassurer en évoquant la décision prise de geler les projets de montage de véhicules jusqu'à la révision de la politique d'investissement dans l'automobile et du dispositif SKD/CKD. Lors d'une conférence de presse animée, en marge d'une rencontre sur la petite et moyenne entreprise (PME) organisée au siège du ministère de l'Industrie et des Mines, M. Bedda a parlé "d'un signal fort" lancé en direction des investisseurs étrangers et nationaux concernant "la nouvelle étape de l'industrie automobile". Le ministre de l'Industrie a précisé que le taux d'intégration "n'est pas une fin en soi". Il n'a de sens, a-t-il estimé, que s'il contribue à l'amélioration de la compétitivité des entreprises. Du coup, le gouvernement sera, à l'avenir, plus regardant sur l'emploi créé, la sous-traitance et l'exportation. M. Bedda a tenu à souligner que le secteur de l'industrie ne se résume pas à l'automobile. "L'automobile n'est pas une priorité pour l'Etat", a-t-il indiqué, annonçant la préparation des cahiers des charges pour les mines et le partenariat public-privé. Le ministre a, également, évoqué un décret sur la sous-traitance, donnant l'impression de revisiter tout ce qui a été fait jusque-là. M. Bedda a, d'ailleurs, préféré éluder une question sur les accords signés avec le groupe indonésien Indorama Corporation pour l'exploitation et la valorisation des phosphates. "Nous avons installé un groupe de travail, comme nous avions fait pour l'automobile. Nous sommes encore dans une étape d'évaluation", a-t-il répondu. Concernant le foncier industriel, M. Bedda a fait état de la réduction du programme de réalisation de 39 parcs industriels et de l'enveloppe qui lui a été consacrée. "Il n'est pas normal de créer des zones industrielles dans toutes les régions. Chaque région a ses spécificités", a soutenu le ministre de l'Industrie, constatant l'existence de plusieurs zones industrielles non exploitées. Pour rappel une évaluation de la situation des zones industrielles et des zones d'activités a fait ressortir l'existence de 11 600 hectares de réserves foncières destinées à l'investissement en situation de non-exploitation, dont 13 977 parcelles couvrant une superficie de 5 530 hectares non attribuées se composant de 2 773 hectares au niveau des zones industrielles et de 2 757 hectares au niveau des zones d'activités. Cette évaluation a également révélé l'existence de 15 140 parcelles destinées à l'investissement, attribuées, mais non exploitées, couvrant une superficie de 6 132 hectares répartis entre 3 183 hectares de zones industrielles et 2 949 hectares de zones d'activités. Le ministre de l'Industrie annonce la tenue aujourd'hui d'un autre Conseil interministériel sur les zones industrielles. M. Bedda est revenu longuement sur la place de la PME dans le plan d'action du gouvernement, insistant sur la nécessité d'une évaluation du dispositif de promotion et de développement de ce type d'entreprise. Les efforts du gouvernement, a indiqué le ministre, "vont s'orienter vers l'industrie de transformation et le développement de sous-traitance pour augmenter le taux d'intégration". En 2016, le tissu industriel national comptait un million de PME, employant 2,5 millions de travailleurs. Le ministre a fait référence à la création d'un fonds d'amorçage pour le financement de start-up. Il a indiqué que le gouvernement, dans le cadre du développement économique local, prendra toutes les mesures pour aider et soutenir la promotion des PME en facilitant l'accès au foncier industriel, notamment à travers la mise en place de formules adaptées, citant, entre autres, les bâtiments industriels. M. Bedda a parlé de la modification prochaine du décret portant sur le compte d'affectation spécial intitulé "Fonds national de mise à niveau des PME, d'appui à l'investissement et de promotion de la compétitivité industrielle". Ce fonds va prendre en charge, une fois modifié, 25% des charges liées à la réalisation des investissements dans les régions à développer à l'instar des régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Le ministre de l'Industrie a plaidé pour le changement de modèle de développement de la PME, pour réduire le taux de mortalité, en hausse ces dernières années. M. Bedda a indiqué que le Conseil national de concertation pour le développement de la PME sera installé dans les prochains jours.