Un vibrant hommage a été rendu mardi au moudjahid Ali Drafli, originaire de la ville de Aïn Bessam (sud-ouest de la wilaya de Bouira), à l'occasion du 60e anniversaire des 11 martyrs guillotinés par l'armée coloniale, un crime de guerre perpétré le 25 juillet 1957. Ainsi, c'est à l'initiative de l'association culturelle et historique Machâal El-Chahid de Bouira que Ammi Ali, comme le surnomment affectueusement ses compagnons d'armes, a été décoré de plusieurs médailles pour ses nombreux faits d'armes, notamment la célèbre bataille de Charchra (wilaya de Médéa), où l'armée française a été littéralement laminée par les moudjahidine. "En 1957, nous étions un groupe de 11 moudjahidine opérant dans la zone de Sidi Slimane, près de Médéa. Un accrochage avait eu lieu avec l'ennemi. Six de nos compagnons furent assassinés et trois autres arrêtés dont moi-même", s'est-il remémoré, tout en mettant en exergue que 20 soldats de l'armée coloniale ont été neutralisés par son commando. Concernant les martyrs guillotinés par l'armée d'occupation, Ali Drafli, surnommé le "lion de Aïn Bessam", qui était l'un de ces condamnés, mais qui avait pu s'échapper, s'exprimera ainsi : "C'est avec une vive émotion que j'évoque aujourd'hui la mémoire de nos frères d'armes, condamnés et exécutés lâchement par la France coloniale. Leur seul tort était de ne pas vouloir abdiquer face au joug des colonisateurs, et ils l'ont payé de leur vie", indiquera M. Drafli. Poursuivant son intervention, cet ancien rescapé des geôles de Barberousse récitera quelques vers de L'hymne des martyrs, écrit par la veuve d'Ahmed Zabana au lendemain de son exécution. Cet hymne, selon l'orateur, symbolise tout le courage et la bravoure des femmes algériennes. "La veuve de Zabana est, à ma connaissance, la seule femme au monde à avoir incité ses propres enfants au sacrifice ultime, quelques instants seulement après avoir su que son époux venait d'être guillotiné. Elle et tant d'autres veuves ont accueilli la nouvelle de ces exécutions non avec des pleurs et des cris stridents, mais avec des youyous." Par ailleurs, Mohamed Lahcen-Zghidi, enseignant et chercheur en histoire, n'a pas tari d'éloges à propos d'Ali Drafli, en soulignant sa bravoure et son esprit de dévotion. "Ammi Ali est un exemple de bravoure et de courage, car il a pu échapper en 1960 à la guillotine en s'évadant de la prison d'Angers (France, ndlr) en compagnie de quatre autres moudjahidine, eux aussi condamnés à mort", a-t-il fait savoir. Ali Drafli lui coupa la parole et tiendra à préciser que cette date prend "une dimension profonde pour tous les condamnés à mort sous l'ère coloniale, à la mesure de ceux qui se sont sacrifiés pour que vive l'Algérie libre et indépendante". Pour d'autres intervenants, notamment le P/APC de Aïn Bessam, Ali Drafli est "un symbole du nationalisme et une fierté pour notre ville et pour toute l'Algérie". Le président de l'association Machâal El-Chahid de Bouira a quant à lui souligné "le rôle héroïque" de ce condamné à mort. "Ammi Ali a préféré sacrifier sa vie pour libérer le pays du joug colonial, et maintenant c'est à nous de reconnaître l'ampleur de ses sacrifices en lui rendant cet hommage", a-t-il conclu.