Le niveau élevé des exportations Opep, alors même que la production est censée être en baisse, inquiète les marchés. Le Comité technique conjoint des pays Opep et non-Opep (JTC) se réunira aujourd'hui et demain à Abu Dhabi (Emirats arabes unis). Cette réunion a été décidée par le Comité ministériel conjoint de suivi des pays de l'Opep et non-Opep (JMMC) tenu le 24 juillet dernier à Saint-Pétersbourg (Russie) qui a chargé le JTC de convoquer certains pays membres de l'Opep, ainsi que certains pays participants non-membres de l'Opep pour identifier les moyens d'élever les niveaux de conformité. Selon l'Opep, Il s'agit d'une réunion technique organisée pour "mieux comprendre les difficultés et les obstacles rencontrés par certains pays participants de l'Opep et non-Opep et d'évaluer la façon dont les niveaux de conformité peuvent être améliorés dans le but de parvenir plus rapidement à un marché mondial du pétrole rééquilibré, au profit aussi bien des producteurs que des consommateurs". Il va sans dire que cette réunion viendra confirmer les orientations de la précédente, notamment en matière de respect de diminution de la production. Mais ce qui a le plus poussé l'organisation et ses partenaires à organiser cette réunion d'Abu Dhabi, c'est le fait que certains pays de l'Opep ne respectent plus l'accord de baisse de la production. Certes, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, évoque un volume de diminution de l'ordre de 350 millions de barils, enregistré par l'organisation, en six mois, mais les analystes de Commerzbank notent que "selon des données de presse, les exportations de l'Opep en juillet ont grimpé à un plus haut niveau au cours de l'année, malgré les efforts de l'Arabie saoudite, du Koweït et du Qatar, qui ont abaissé leurs exportations". Le niveau élevé des exportations, alors même que la production est censée être en baisse, inquiète en effet les marchés. "Les données relevées par des entreprises qui suivent les navires pétroliers par satellite ont fait état d'une hausse nette des chargements de pétrole en juin et en juillet, que ce soit par les producteurs qui font partie de l'Opep ou non", ont relevé les analystes de Morgan Stanley. Selon des estimations de Bloomberg, la production des pays de l'Opep a augmenté de 210 000 barils/ jour en juillet pour atteindre, depuis juin, 32,87 millions de barils. La Libye, à elle seule, a expédié 865 000 barils/jour durant tout le mois de juillet, soit 11% de plus que le niveau, déjà très élevé et non égalé depuis 2014, enregistré en juin dernier. Signe de l'indiscipline des membres de l'Opep, Carlos Pérez, le ministre équatorien du Pétrole, a annoncé que son pays a augmenté sa production pour le compte du mois de juillet. Celle-ci est désormais passée à 545 000 barils/jour. Pour rappel, en vertu de la prolongation de l'accord de Vienne, l'Opep lui avait imposé une réduction de 26 000 barils/jour de sa production à 372 000 barils /jour. Même si, de par son statut de troisième plus petit producteur de l'organisation, l'augmentation de l'Equateur n'aura pas d'impact direct sur le marché, la situation avec ce pays sud-américain pourrait créer un effet domino chez les autres producteurs du groupe, à l'instar du Venezuela qui vit une crise financière sans précédent. "Quoi qu'il en soit, les réserves américaines devraient nettement reculer jusqu'à la fin de l'été, car l'Arabie saoudite a promis de limiter ses exportations", ont noté les analystes de Capital Economics. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, avait promis lors de la dernière réunion de l'Opep, il y a deux semaines, de limiter ses exportations, et pas seulement sa production, en août. Alors que la saison estivale reste une période de très forte consommation, dopée par la demande des transports et des climatiseurs aux Etats-Unis, cela devrait accentuer la baisse des réserves américaines.