Dans un communiqué rendu public, hier, le parti de Aït Ahmed a considéré que la dissolution par décret présidentiel des APC et APW de Kabylie risque d'avoir des conséquences graves. À la volonté du premier, du moins perceptible dans l'expression de ses relais, de dissoudre les assemblées locales répondent l'intransigeance et la fermeté du second. Hier encore, le FFS a réitéré ses mises en garde contre les conséquences d'une éventuelle dissolution, “coup de force”, selon le vocable employé, des APC et des APW en Kabylie. “Devant les risques d'une relance irrémédiable de la violence, le FFS met en garde les autorités du pays contre toute tentative de dissolution des assemblées locales pouvant provoquer des conséquences incalculables, et dont la seule responsabilité incombera au pouvoir”, écrit Ali Laskri, le premier secrétaire du parti dans une lettre de “mise en garde” rendue publique hier. Le FFS, ajoute-t-il, qui continue à faire de l'action non violente son principal credo dégage toute responsabilité quant aux dérapages qui peuvent découler d'une dissolution arbitraire et illégale des institutions locales de la région de Kabylie. Comme pour se préparer à ce qui s'annonce comme un “face-à-face”, le FFS, outre qu'il prend d'ores et déjà à témoin l'opinion nationale et internationale — la saisine des institutions internationales est même envisagée — appelle ses élus “à rester vigilants” et “à persévérer dans l'accomplissement de leurs missions” et appelle aussi ses militants et ses sympathisants “à se mobiliser et à rester déterminés pour déjouer pacifiquement, dit-il, les complots et les machinations sournoises du pouvoir et de ses supplétifs locaux”. Il faut dire qu'à se fier à Karim Tabbou, le porte-parole du parti, lequel a organisé en compagnie d'autres responsables du FFS une rencontre avec la presse au siège du parti, une consigne a été donnée aux élus de ne céder aucune parcelle de pouvoir que leur confère la loi. “On a demandé à nos élus de rester à leurs postes, quel que soit le prix à payer”, a-t-il affirmé. En décodé : seule une action “musclée” de la part des autorités est à même de “déloger” les élus du parti. Même s'il ne se fait pas trop d'illusions, du reste, sur les intentions du pouvoir, le FFS n'entend pas rester aux “échanges d'amabilités” puisque des actions de protestation sur le terrain sont envisagées pour démontrer, dit-il, que le dialogue engagé par les autorités et les “chargés de mission”, entendre les archs, est nul. “Nous allons nous battre pacifiquement”, a expliqué Karim Tabbou. D'ailleurs une action d'envergure, probablement une marche populaire, n'est pas exclue dans les prochaines semaines. “Ils refusent le test de la rue”, a ironisé le responsable du FFS à propos des archs. Mais ce qui peut apparaître comme un “entêtement” du FFS à ne pas quitter les assemblées locales découle pourtant de deux convictions. D'abord politique : “La conclusion d'un accord portant sur la dissolution des assemblées locales est la meilleure démonstration que l'épisode du Printemps noir n'est pas une simple opération ponctuelle de manipulation”, soutient le FFS. Selon lui, c'est un processus prémédité et échelonné sur plusieurs séquences, dont la finalité est de tenter de normaliser par la manipulation et le coup de force une région qui a toujours su déjouer pacifiquement les scénarios du chaos et du désordre. Sur un autre registre, la dissolution montre, ajoute-t-il, l'indigence d'un pouvoir aux abois et dont l'attitude “cache mal ses calculs racistes et régionalistes”. Ensuite juridique : se référant à des dispositions contenues dans, notamment la Constitution, la loi électorale et le code communal, le FFS démontre le caractère arbitraire et illégal de la mesure de dissolution si elle venait à avoir lieu. La question reste cependant de savoir jusqu'où ira ce bras de fer.