Le limogeage précoce du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et son remplacement par Ahmed Ouyahia continuent de susciter les réactions des partis politiques. Hier, c'était au tour du Parti des travailleurs (PT), du Mouvement de la société de la paix (MSP), de Tajamou Al-Djazaïr (Taj), ou encore de l'Union démocratique et sociale (UDS), non agréée, de Karim Tabbou de s'exprimer, à travers des communiqués ou sur les réseaux sociaux. Les uns pour dénoncer un changement plutôt inopportun, voire "étrange", d'autres pour applaudir "la décision du Président". Rappelant quelques décisions du gouvernement Tebboune dont la volonté de "séparer l'argent de la politique" qu'il qualifie de "salvatrices", le parti de Louisa Hanoune constate que "ce changement des plus étranges à la tête de l'Exécutif établit une fois de plus, que le système finissant est incapable de se réformer, voire incapable même de se donner un peu de temps". Et de s'interroger encore : "Quelle est la logique de ce système qui sanctionne une démarche qui pouvait réhabiliter les institutions de l'Etat, souillées et fragilisées par les affaires et la corruption ?" Le PT avertit que "tout retour sous quelque prétexte que ce soit à la politique de siphonage des fonds publics, de pillage du foncier et des biens publics, de maintien et d'aggravation de l'austérité serait très lourd de conséquences, considérant la grande précarité sociale". De son côté, le MSP juge que le changement qui vient d'être opéré à la tête de l'Exécutif confirme "la perte des équilibres du système qui bat de l'aile et dont le recours à des pratiques désolantes atteste de la déliquescence sur laquelle avaient averti bien des experts". Le MSP qualifie ainsi ce changement de "coup d'Etat à blanc contre Tebboune et son programme prônant la séparation de l'argent de la politique adopté par la majorité parlementaire dont son successeur, Ahmed Ouyahia". La rapidité avec laquelle a été opéré ce changement, juge le MSP, confirmerait par ailleurs "la mainmise des hommes d'affaires et leur influence sur la décision souveraine de l'Etat algérien", allusion au chef du FCE, Ali Haddad, et son entourage. À son tour, Karim Tabbou, président de l'UDS, estime pour sa part que "cet épisode a bien révélé que le soutien du chef de l'Etat en convalescence prolongée n'est plus un gage de garantie dans un système politique constitué de factions, de groupes d'intérêts et de clans". Dans un post sur sa page facebook, Karim Tabbou juge que le changement à la tête du gouvernement s'inscrit dans la perspective de la préparation de la succession au président Bouteflika. "L'élection présidentielle de 2019 mobilise toutes les factions du pouvoir, le vote des ‘grands électeurs' commence et les appétits s'aiguisent alors que le pays est en chute continuelle", écrit-il. le parti TAJ d'Amar Ghoul a applaudi, dans un communiqué public, la décision du Président d'opérer ce changement et de nommer Ouyahia au poste de Premier ministre. Farid Abdeladim