Le nouveau Premier ministre s'attellerait à engager la réforme des subventions de l'Etat aux aliments et services de base. Avec Ahmed Ouyahia aux commandes de l'Exécutif, il faut s'attendre à une "salve" de mesures d'austérité dont certaines seront insérées dans la loi de finances 2018. Et, le rabot va inéluctablement toucher aux subventions. Le nouveau Premier ministre s'attellerait à engager la réforme des subventions de l'Etat aux aliments et services de base. Son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, allait lancer une large concertation pour le faire, avec comme objectif d'adapter, de manière progressive, la politique des transferts sociaux. Les transferts sociaux (aides au logement, à la santé et à l'éducation, ainsi que les subventions par l'Etat de produits alimentaires et pétroliers) représentent 23,7% du PIB, un fardeau financier que le pays, en manque de ressources aujourd'hui, ne peut pas supporter. Ahmed Ouyahia n'aimant pas les subventions, ferait qu'il s'en débarrasse ? Non sans cassure ? Des subventions ciblées (de nombreux pays en ont fait l'expérience) apparaissent comme la moins mauvaise solution, a fortiori, dans le contexte de crise que vit le pays actuellement. S'il s'engageait dans cette voie, le cabinet Ouyahia pourrait opérer une meilleure répartition et une affectation équitable des subventions au profit des couches les plus défavorisées à travers des transferts monétaires directs et sur la base d'un identifiant national et personnalisé et une réduction du coût des transferts sociaux supporté par le budget de fonctionnement de l'Etat. Raouf Boucekkine, économiste et directeur de l'institut d'études avancées IMéRA (Aix Marseille Université), dans une déclaration récente, expliquait que ces insoutenables subventions implicites, il fallait les réformer. Les subventions non incluses dans le budget comme celles relatives à l'énergie (gaz, électricité, carburant) ont atteint les 1 975 milliards de dinars (16 milliards d'euros) en 2012, soit 13% du PIB, avait-il indiqué. Raouf Boucekkine recommande une nouvelle gouvernance économique. Il faut, dit-il, fixer des cibles chiffrées à court terme (trois ans) et/ou à moyen terme à l'horizon 2030. Sans se tromper de cibles. D'autres experts avaient, plus d'une fois, alerté les gouvernements successifs sur les risques liés aux subventions de certains nombres de produits, notamment pétroliers. L'on sait que les prix actuels du carburant favorisaient le gaspillage et le trafic aux frontières, dont le coût avoisinerait le montant de 1,3 milliard de dollars annuellement. Une nouvelle tarification est envisagée dans le cadre du projet de loi de finances 2018. Selon certaines indiscrétions, les taxes sur les carburants seront revues à la hausse et, du coup, les prix du carburant vont augmenter en 2018. Ils seront majorés, d'au moins, 3 dinars le litre, tous carburants confondus. Dans une conjoncture de resserrement budgétaire, avec un fléchissement très marqué de la trajectoire budgétaire sur les deux prochaines années, le successeur de Tebboune n'aura pas en fait beaucoup de choix. Il va serrer davantage les cordons de la bourse et enclencher une machine à raboter sur des subventions longtemps utilisées comme soupape sous-tendant la paix sociale. Youcef Salami