Un fleuve de critiques s'abat depuis quelques semaines sur le comportement des médecins dans les hôpitaux et le traitement réservé aux patients. Les critiques sont d'autant plus violentes, que le fait, hélas, est courant. En effet, ce comportement se traduit dans la majorité des établissements hospitaliers par la négligence, la longue attente dans les services des urgences, l'absence de prise en charge exacerbée par le manque d'effectif et de moyens. Aussi, sommes-nous, aujourd'hui, amenés à nous interroger si certains médecins sont à leur place ou s'ils ne se sont pas, tout bonnement, trompés de vocation. À Constantine, les autorités compétentes ont décidé de remédier à la situation, en injectant une enveloppe financière de près de 600 millions de dinars, rien que pour la réhabilitation de la maternité du CHU Ibn Badis. Le résultat n'est pas celui auquel on s'attendait ! Tour d'horizon. Le bloc opératoire dans un état lamentable Lors de notre visite, hier, à la maternité du CHU, le décor était affligeant, en dépit des travaux de rénovation qui ont été lancés en 2015. Pis encore, l'infrastructure n'a été rouverte que depuis quelques mois ! Absence d'hygiène, surcharge des salles, manque d'effectif, et pour cela les conditions de la prise en charge des patientes sont encore plus pénibles qu'elles ne l'étaient avant. Par ailleurs, équipé de quatre nouvelles tables de chirurgie, le bloc opératoire fonctionne depuis quelques jours, avec seulement deux tables. En effet, dix mois après leur mise en marche, deux des équipements en question, ne fonctionnent plus. Dans les couloirs, des sacs-poubelles jonchent le sol, alors que les lieux devraient être immaculés. Il manque même de médicaments. Cette situation a écopé d'un blâme, lors de la visite la semaine écoulée du wali de Constantine. L'absence de climatisation dans le service encourage la multiplication des infections. "On reçoit une moyenne de deux parturientes par semaine pour des plaies infectées après leur hospitalisation dans notre service", indique une source médicale qui a requis l'anonymat. Une infirmière pour 70 parturientes Malgré les promesses de l'ancien ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, quant au renforcement des effectifs dans notre service, nous sommes toujours au même point, pour ne pas dire pire, nous dit-on. "Une moyenne de 70 parturientes par jour, soit 2 par lit, prises en charge par seulement deux sages-femmes et une seule infirmière", révèle notre source. Hier, une quarantaine de patientes ont été admises dans des salles dont la capacité ne dépasse pas les 24 lits. Aussi, pour diminuer la surcharge, le médecin-chef du service a décidé que "les parturientes sortiront 12 heures après leur accouchement, même si c'est une césarienne". Alors que le règlement veut que la patiente reste hospitalisée au moins 72 heures après son accouchement. "Il y a quelques années, les femmes qui accouchaient par césarienne restaient hospitalisées 72 heures, soit le temps de s'assurer qu'il n'y a pas de complications", affirme-t-on. Tout en ajoutant que cette décision peut conduire à des conséquences dangereuses, aussi bien pour la maman que pour son bébé, l'on citera, à titre d'exemple, hémorragie, plaie infectée, etc. Aussi, les patientes qui ont accouché se retrouvent dans les couloirs à attendre qu'on vienne les chercher, et parfois pendant plusieurs heures. Et c'est ce genre de comportements cavaliers et parfois irresponsables qui conduisent à des conséquences fatales, comme ce fut le cas de la jeune femme décédée à l'hôpital de Djelfa. Souheila BETINA