À une année de l'élection présidentielle, le président Ibrahim Boubacar Keita ne dispose pas de suffisamment de temps pour relancer son projet de révision constitutionnelle, après une large consultation. Les deux groupes rebelles signataires de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, la CMA et la Plateforme tentent d'enterrer définitivement la hache de guerre. Ils se sont rencontrés hier dans la région d'Anefis pour essayer de trouver un accord pour mettre définitivement fin aux hostilités. En effet, les deux groupes étaient en conflit avec des affrontements armés. Ce qui a freiné entre autres la mise en œuvre de certaines clauses de l'accord de paix signé avec Bamako en mai-juin 2015. Le contrôle des territoires dans cette vaste région du nord du Mali et les rapports avec le gouvernement de Bamako sont à l'origine de ce conflit. Cette rencontre intervient cependant au moment où le président, Ibrahim Boubacar Keita s'est résolu à surseoir au projet de référendum pour la révision de la Constitution du pays en vigueur depuis 1992. La mouture de la nouvelle Constitution présentée à la Cour constitutionnelle qui l'a acceptée introduit des dispositions directement liées aux engagements contenus dans l'accord de paix et de réconciliation signé avec les groupes rebelles du Nord ainsi que la création d'un Sénat et d'une Cour des comptes. Un projet que l'opposition a rejeté. Devant la pression de la rue, le président IBK a cédé. "Dans l'intérêt supérieur de la nation et de la préservation d'un climat social apaisé", a justifié IBK, vendredi dernier, dans un discours transmis à la télévision, sa décision de reporter le référendum. Et de promettre une large consultation avec les partis politiques et la société civile pour expliquer davantage son projet. Or, le facteur temps joue en sa défaveur avec l'élection présidentielle qui doit se dérouler dans une année. Surtout qu'il a reconnu la persistance des clivages (ethniques surtout) que son explication devrait lever pour faire passer la nouvelle Constitution. Une mission ardue compte tenu du fossé et des rancœurs qui séparent le nord du sud du pays depuis l'indépendance. Il va alors sans dire que cette tournure prise par les événements va se répercuter sur l'accord de paix dont la mise en œuvre traîne depuis deux ans en raison de l'intransigeance de l'opposition politique à Bamako, la persistance de l'insécurité dans le Nord, les tensions entre les groupes rebelles et leur opposition au retour des forces armées maliennes dans la région. La simple installation des patrouilles mixtes sous supervision de l'ONU a été laborieuse. Les autres aspects attendent encore d'être mis en œuvre dans un climat toujours tendu. La décision du président IBK de reporter encore une fois le référendum de révision constitutionnelle prévu une première fois pour juillet dernier mais repoussé par le Parlement, risque de renvoyer le Mali à la période d'avant 2015 alors que le Nord échappe déjà totalement au contrôle de l'Etat. Et IBK qui veut prétendre à un second mandat n'aura en définitive pas tenu sa promesse de ramener la paix. Le risque d'un retour au point de départ comme en 1990 et en 2006 après des accords de paix signés en Algérie. Djilali B.